Thèse soutenue

Et si l'immigration était un bienfait ? : l'impact positif de la gratitude intergroupe dans la relation entre français natifs et immigrés

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Auteur / Autrice : Stéphanie Rambaud
Direction : Franck Zenasni
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie
Date : Soutenance le 19/11/2018
Etablissement(s) : Sorbonne Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Cognition, comportements, conduites humaines (Boulogne-Billancourt, Hauts-de-Seine ; 1996-....)
Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation : Université Paris Descartes (1970-2019)
Laboratoire : Laboratoire Adaptations Travail Individu / LATI - EA 4469
Jury : Président / Présidente : Rasyid Sanitioso
Examinateurs / Examinatrices : Franck Zenasni, Rasyid Sanitioso, Constantina-Elena Badea, Serge Guimond, Bernard Rimé, Julie Collange
Rapporteurs / Rapporteuses : Constantina-Elena Badea, Serge Guimond

Mots clés

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Résumé

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La littérature montre clairement le rôle des émotions collectives (i.e., répondant à des évènements impliquant le groupe d'appartenance) sur les relations intergroupes. Les études existantes ont majoritairement examiné les effets bénéfiques des émotions morales négatives (e.g., culpabilité ; Wohl & Branscombe, 2005) ou des émotions suscitées par des événements négatifs (e.g., sympathie ; Iyer. Leach, & Crosby, 2003), sur les relations intergroupes. Dans cette lignée, nous souhaitions examiner l'effet d'une émotion morale et positive : la gratitude, une émotion générée par la perception d'avoir été la cible de la bienveillance d'autrui (McCullough, Kilpatrick, Emmons, & Larson, 2001). Au delà de ses bénéfices intra-individuels, la gratitude favorise les tendances pro-sociales, renforce les relations (Bartlett & DeSteno, 2006) et diminue l'usage des stéréotypes (Jackson, Lewandowski, Fleury, & Chin, 2001). Si les bénéfices de cette émotion ont été largement examinés dans un contexte interpersonnel (Bartlett & DeSteno, 2006), aucune étude, à notre connaissance, ne s'est intéressée à son impact en tant qu'émotion collective au niveau des rapports intergroupes. Ce travail de thèse a ainsi pour objectif d'identifier les conditions d'apparition de la gratitude collective et les effets de celle-ci sur la perception et les attitudes à l'égard des immigrés. Nous prédisions que (a) la saillance des contributions positives de l'immigration susciterait de la gratitude collective chez les membres de l'endogroupe. En retour, (b) la gratitude collective engendrerait moins de préjugés et plus de comportements positifs envers les immigrés. A cette fin, nous avons mené deux études corrélationnelles (une transversale et une longitudinale) et six études expérimentales, impliquant un total de 1913 participants. Dans ces dernières, les émotions étaient induites en manipulant plusieurs méthodes distinctes : lecture de textes, visionnage de supports vidéo, rappel d'événements historiques. Les résultats montrent que la connaissance des contributions des immigrés s'accompagne de niveaux plus élevés de gratitude collective envers les immigrés, comparée à une condition contrôle ou une autre émotion positive (e.g., joie). En retour, le ressenti de gratitude collective est associé à une réduction des préjugés, une augmentation des attitudes positives envers les immigrés et une plus forte perception de coopération entre les groupes, comparativement aux autres conditions. Les résultats mettent également en lumière le rôle modérateur de l'orientation politique sur la propension à ressentir de la gratitude collective. L'ensemble de nos résultats suggère ainsi que la gratitude collective a un effet bénéfique dans l'amélioration des relations intergroupes.