Thèse soutenue

La paire fait les pair·e·s : herméneutiques lesbiennes et représentations féministes de la femme hindoue
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Auteur / Autrice : Lise Desceul
Direction : Guillaume BridetAnnie Montaut
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature comparée
Date : Soutenance le 20/03/2018
Etablissement(s) : Bourgogne Franche-Comté
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres, Communication, Langues, Arts (Dijon ; Besançon ; 2017-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre Pluridisciplinaire Textes et Cultures (CPTC) (Dijon)
établissement de préparation : Université de Bourgogne (1970-....)
Jury : Président / Présidente : Anne-Emmanuelle Berger
Examinateurs / Examinatrices : Guillaume Bridet, Annie Montaut, Anne-Emmanuelle Berger, Claire Joubert, Catherine Servan-Schreiber, Anne Tomiche

Résumé

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Cette analyse a pour but de dénoncer les mythes créateurs du féminin et du masculin hérités des politiques culturelles sexuelles érigées au creuset de la rencontre coloniale. L’étude de A Married Woman (Manju Kapur), Babyji (Abha Dawesar), Indian Tango (Ananda Devi), trois romans présentant le lesbianisme comme une stratégie féministe d’émancipation, permet de mettre au jour diverses dynamiques discursives, d’exploiter le concept de représentation, et d’interroger les catégories préexistantes. Ces trois romans sont en effet écrits par des femmes participant à la culture indo-hindoue, et proposent des héroïnes à la similarité troublante : brahmines, habitant Delhi et insatisfaites de l’immobilisme liberticide de leur genre. Le préjudice hétéropatriarcal gaine les individus plaqués à l’intersection de leurs appartenances identitaires diverses et superposées : le genre, la culture, la sexualité… Le chemin de ces héroïnes suit ainsi une évolution interrogeant les inventions patriarcales de l’identité de la femme indo-hindoue. Au-delà de la dénonciation des dérives de son essentialisation, c’est sa transgression qui est éblouissante, parce qu’elle est sexuelle et lesbienne, engageant ainsi les possibilités d’une altérité, d’une alternative, d’un devenir différent. Ces textes questionnent alors la poésie et l’efficacité d’une esthétique lesbienne, la validité démiurge d’une utopie lesbienne, et le symbolisme d’un motif qui unit femmes de papier et autrices de chair au sein d’un positionnement récusant la subalternité implicite de catégories oppressives et obsolètes. En s’emparant de l’ipséité, ces narrations introduisent une poétique queer défiant déterminismes, cristallisations, normes et hiérarchies. Elles ouvrent à des possibilités radicales et multiples d’existences, de créations, signalant la matérialité de marginalités subversives qui problématisent la notion même d’individu, envisagée dans sa perspective hypermoderne.