Thèse soutenue

Étude du vécu de dix sujets adultes atteints de drépanocytose : regards phénoménologique et transculturel dans une perspective hypnothérapeutique

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Auteur / Autrice : Marion Richard
Direction : Antoine Bioy
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie
Date : Soutenance le 27/03/2018
Etablissement(s) : Bourgogne Franche-Comté
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, Espaces, Pratiques, Temps (Dijon ; Besançon ; 2017-....)
Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation : Université de Bourgogne (1970-....)
Laboratoire : Laboratoire de Psychologie Dynamiques Relationnelles Et Processus Identitaires (Psy-DREPI) (Dijon ; 2017-....)
Jury : Président / Présidente : Tobie Nathan
Examinateurs / Examinatrices : Antoine Bioy, Christelle Bénony
Rapporteurs / Rapporteuses : Nathalie Dumet, Joanic Masson

Résumé

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La drépanocytose, pathologie génétique de l'hémoglobine la plus fréquente en France, se caractérise par des crises douloureuses paroxystiques, dont la survenue apparaît souvent depuis la plus jeune enfance. La majorité des individus rencontrés en métropole française sont issus de la migration, provenant de départements d'Outre-Mer et de pays d'Afrique Sub-Saharienne.Par une méthodologie qualitative, nous observons les répercussions des crises douloureuses pathognomoniques de la drépanocytose, que nous considérons comme traumatogènes, sur la dynamique identitaire de sujets adultes. D'une part, nous suggérons que ces crises se figurent tel un évènement déstructurant, menaçant l'équilibre identitaire du sujet, de par l'imprévisibilité de leur survenue et leur risque létal. D'autre part, au vu de cette potentialité traumatique, nous les envisageons comme structurant la dynamique psychique du sujet, au travers des modalités singulières que ce dernier entretient avec son corps. La confrontation au Réel de la Mort, le vécu d’effroi, la menace d’annihilation psychique causée par la douleur, ainsi que leur répétitivité et le sentiment d’incertitude quant à leur soulagement, inscrivant parfois le sujet dans un temps dissociatif long, dévoilent un risque de développer un syndrome psychotraumatique. Pour autant, de par leur récurrence, elles engendrent une relation au corps où le sujet anticipe le surgissement de la douleur, laquelle apparaît tel un repère sensoriel, même latent, auquel il se fie pour se mouvoir dans son environnement.Dans cette visée exploratoire, nous appréhendons le sentiment et la construction identitaire des sujets, notamment au regard des étiologies plurielles affiliées à la drépanocytose, relatives aux savoirs profanes de la culture d’origine et aux savoirs médicaux disponibles. Ces diverses explications causales génèrent des représentations et des désignations socio-culturelles du sujet drépanocytaire, particulièrement dans le pays d’origine. Le processus identitaire semble malmené par les contraintes liées à la maladie, contribuant au sentiment d’être différent des autres, lequel est également alimenté par ces spécificités socio-culturelles. Au-delà des bouleversements identitaires liés à la migration, l’analyse met en exergue les réactions et les ressources employées face à la maladie, et illustre les mouvements de distanciation des sujets face à une identité parfois vécue comme « subie ».En outre, nous avons recueilli des données quantitatives concernant l’observance thérapeutique, les niveaux d’anxiété, de fatigue, de catastrophisme, ainsi que les croyances et les perceptions associées à la douleur. En moyenne, les sujets déclaraient être observants quant à leur traitement. Les niveaux moyens d’anxiété et de catastrophisme se sont avérés modérés. La fatigabilité s’orienterait sur une dimension sensorielle et affective plutôt que comportementale et cognitive. Concernant leur douleur, les sujets avaient tendance à l’appréhender comme mystérieuse et pérenne, ne se percevaient que peu coupables quant à sa présence et semblaient hésitants sur son caractère intermittent ou continu.Le premier axe d’étude de l’hypnose et de la pratique de l’autohypnose s’attachait à les estimer en tant que facteurs d’atténuation des symptômes mesurés par le biais des échelles d’évaluation. Le deuxième intéressait la nécessaire dimension intersubjective de l’hypnose. Aucune différence significative n’a été retrouvée entre les deux temps de mesures qui suggérerait une efficacité symptomatique de l’hypnose. Au travers du discours des sujets, l’influence de l’hypnose résiderait dans la (ré)appropriation du vécu du corps et de l’histoire subjective grâce à l’investissement relationnel sécurisant au praticien. Enfin, la pratique de l’autohypnose se révélerait efficace en tant que réactualisation de cette relation, mobilisant le sujet dans un engagement à lui-même.