Thèse soutenue

La genèse précoce des différences sociales dans les habitudes alimentaires.
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Auteur / Autrice : Raphael Dhuot
Direction : Séverine Gojard
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences sociales
Date : Soutenance le 20/06/2018
Etablissement(s) : Université Paris-Saclay (ComUE)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Agriculture, alimentation, biologie, environnement, santé (Paris ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : établissement opérateur d'inscription : AgroParisTech (France ; 2007-....)
Laboratoire : Centre Maurice Halbwachs (Paris) - AgroParisTech (France ; 2007-....)
Jury : Président / Présidente : Sandrine Garcia
Examinateurs / Examinatrices : Sandrine Garcia, Julien Duval, Thibaut de Saint-Pol, Olivia Samuel
Rapporteurs / Rapporteuses : Sandrine Garcia, Julien Duval

Résumé

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L’alimentation infantile est très encadrée par les instances médicales. Elle constitue donc un point d’observation privilégié de la médicalisation du quotidien et des conditions de diffusion des cultures savantes. Afin d’expliciter les déterminants sociaux de l’alimentation infantile, deux ensembles de données sont mobilisés : d’une part, un corpus documentaire, composé d’articles scientifiques, de publications à destination des parents et des échanges tenus sur un forum en ligne consacré à la puériculture, d’autre part, les données de l’Étude longitudinale française depuis l’enfance. Cette enquête aborde les thématiques du développement, de la santé et de l’alimentation d’un échantillon d’environ 18300 nourrissons, elle renseigne également le détail des caractéristiques sociodémographiques des parents. La première partie de la thèse est consacrée aux conditions de production et de diffusion des recommandations médicales en matière d’alimentation infantile. Nous montrons que, d’une part, les luttes pour le monopole de l’autorité scientifique à l’intérieur de l’espace de la recherche en nutrition pédiatrique, d’autre part, les demandes particulières des pouvoirs publics et des industriels adressées aux experts de l’alimentation infantile, révèlent l’incertitude et la variabilité des recommandations médicales en matière d’alimentation infantile. La réception par les parents de ces recommandations peut alors prendre la forme d’une appropriation des recommandations dominantes, d’une appropriation des recommandations dominées considérées comme mieux actualisées ou d’une mise à distance, parfois très critique, des recommandations médicales voire de la résistance au principe même d’une puériculture médicalisée. La deuxième partie montre que la conformité aux recommandations médicales de l’alimentation des nourrissons est fonction de l’interaction entre le niveau de diplôme des mères et les conditions de leur socialisation au maternage (notamment, leurs pratiques de recherche d’information en matière de diversification alimentaire). Ainsi, la réception de la puériculture médicalisée apparaît dépendante autant du rapport entretenu, par les parents, à la médecine comme système abstrait que du rapport qu’ils entretiennent aux représentants de ce système. Ces rapports étant fonction de l’expérience scolaire des parents. Dans une troisième partie, nous montrons que les répertoires alimentaires maternels ont un effet propre ainsi qu’un effet conditionné aux caractéristiques sociales des mères sur l’alimentation des enfants durant leur première année.