Yūḥannā al-Armanī al-Qudsī et le renouveau de l'art de l’icône en Égypte ottomane
Auteur / Autrice : | Julien Auber |
Direction : | Bernard Heyberger |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire de l'art |
Date : | Soutenance le 29/11/2018 |
Etablissement(s) : | Paris Sciences et Lettres (ComUE) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École pratique des hautes études (Paris) |
Partenaire(s) de recherche : | Établissement de préparation de la thèse : École pratique des hautes études (Paris ; 1868-....) |
Laboratoire : Orient et Méditerranée (Ivry-sur-Seine, Val de Marne ; 2006-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Jocelyne Dakhlia |
Examinateurs / Examinatrices : Bernard Heyberger, Jocelyne Dakhlia, Nicolas Michel, Doris Behrens-Abouseif, Ioanna Rapti | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Nicolas Michel, Doris Behrens-Abouseif |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Actif de 1740 à 1786, année de sa mort, Yūḥannā al Armanī al-Qudsī fut l’un des plus prolifiques peintres d’icônes que l’Égypte ottomane ait pu connaître. Bénéficiant d’un renouveau politique et économique, les chrétiens d’Égypte ont pu restaurer et mettre en valeur leur patrimoine religieux, notamment en faisant réaliser de nombreuses icônes pour décorer les églises. Yūḥannā al Armanī et son proche collègue Ibrāhīm al-Nāsiḫ répondirent à cet appel en développant de grands ateliers prêts à répondre à ces commandes. Le résultat est si spectaculaire que, encore aujourd’hui, il est difficile de ne pas visiter une église copte du Caire sans voir un panneau réalisé par l’un ou l’autre de ces hommes. La réunion d’un corpus de plus de quatre cents icônes permet désormais d’envisager l’ampleur du travail qui résulta de ce tandem. Le style des peintres est également ce qui fait la grande originalité de cette production. Souvent indéfinissable, comme le remarquait déjà en son temps A. J. Butler à la fin du XIXe siècle, celui-ci illustre les multiples sources qui ont été utilisées. On y trouve à la fois, pêle-mêle, des inspirations des traditions chrétiennes locales, des évocations de tissus ottomans ou des compositions issues de tableaux européens. Cette particularité tient dans un fait bien concret. Yūḥannā al Armanī, comme son nom l’indique, est issu d’une famille arménienne. Bien qu’étant né en Égypte et ayant épousé une Égyptienne copte, il n’en demeure pas moins très attaché à ses racines, aussi bien par son lieu d’habitation au Caire – proche de l’église arménienne – que par la sociabilité qu’il développe. Afin de mieux cerner ce peintre atypique et son œuvre, il convient de cerner les réseaux qui existent au Caire dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Ses sources d’inspiration ont ainsi pu notamment être découvertes au détour d’ouvrages liturgiques imprimés en Europe ou à la Nouvelle-Djoulfa et retrouvés dans la bibliothèque des pères franciscains du Mūski au Caire. Comprendre l’art de Yūḥannā al Armanī permet ainsi de mieux cerner la diffusion des iconographies chrétiennes en Afrique et au Proche-Orient, voguant, au gré des courants de la mer Méditerranée. Son œuvre montre qu’il n’est pas simplement entre Orient et Occident, il est au croisement de circulations complexes qui font éclater cette problématique.