Thèse soutenue

Des grossesses catastrophiques. Une sociologie des logiques reproductives dans les mises en récit judiciaires et biographiques de néonaticide
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Auteur / Autrice : Julie Ancian
Direction : Simone Bateman-NovaesMarc Bessin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 19/11/2018
Etablissement(s) : Paris Sciences et Lettres (ComUE)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux (Paris) - Centre de recherche, médecine, sciences, santé, santé mentale, société (Villejuif, Val-de-Marne ; 2010-....)
établissement de préparation de la thèse : École des hautes études en sciences sociales (Paris ; 1975-....)
Jury : Président / Présidente : Nathalie Bajos
Examinateurs / Examinatrices : Marc Bessin, Nathalie Bajos, Coline Cardi, Stéphanie Hennette-Vauchez, Dominique Memmi, Olivier Schwartz

Résumé

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Le terme d’infanticide recouvre des homicides divers, souvent appréhendés de manière indifférenciée. Parmi eux, le néonaticide désigne le meurtre d’un nouveau-né dans les vingt-quatre heures qui suivent sa naissance. Dans les pays connaissant une forte diffusion de la contraception et de l’accès à l’avortement, cette conduite – anciennement associée à un mode de régulation des naissances – est devenue marginale. Cette recherche propose une approche sociologique de la pratique du néonaticide fondée sur ses mises en récits par la justice et par les auteures elles-mêmes en France (2005-2015). L’enquête a permis de conduire des séries d’entretiens approfondis avec cinq femmes jugées pour ces faits et d’observer cinq procès en cour d’assises. Ces matériaux ont été complétés par des entretiens avec des avocat·e·s et magistrat·e·s, des dossiers judiciaires et un corpus d’articles de presse portant sur 75 affaires jugées sur la même période. Les récits judiciaires dévoilent la prégnance d’une approche essentialiste de la maternité et de la procréation qui pèse sur les efforts de mise en intelligibilité déployés par les professionnel·le·s. L’analyse des parcours de ces femmes, de leurs processus de socialisation, de leurs situations conjugales et familiales et de leurs ressources, permet d’identifier les obstacles rencontrés pour mettre en œuvre une contraception efficace ou accéder à l’IVG. En appréhendant le néonaticide comme l’ultime moyen d’éviter une naissance jugée catastrophique, cette étude s’éloigne de la lecture individualisante imposée par le traitement judiciaire et documente l’agentivité reproductive des femmes.