Thèse soutenue

L'étape marocaine des self-made migrants. La recherche d'une émancipation économique et sociale par la mobilité.

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Auteur / Autrice : Francesco Madrisotti
Direction : Tassadit Yacine
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Anthropologie sociale et ethnologie
Date : Soutenance le 10/07/2018
Etablissement(s) : Paris Sciences et Lettres (ComUE)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation de la thèse : École des hautes études en sciences sociales (Paris ; 1975-....)
Jury : Président / Présidente : Abdelhafid Hammouche
Examinateurs / Examinatrices : Abdelhafid Hammouche, Monique de Saint Martin, Brahim Labari, Michel Peraldi, Anaïk Pian

Mots clés

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Résumé

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’appuyant sur une ethnographie d’environ cinq ans, effectuee entre 2010 et 2015 dans la ville de Tanger, l’enquete presentee ici interroge les formes de mobilité et les pratiques économiques mises en place par des migrants originaires de l'Afrique de l'Ouest et exclus des circuits de la mobilité privilégiée. Je décris ces individus comme des self-made-migrants qui, ne disposant pas des moyens économiques, administratifs et relationnels leur permettant d'accéder aux cir-cuits de la mobilité privilégiée, construisent, par le bas, une mobilité transnationale et subalterne réalisée par étapes et contournements de frontières. Cette mobilité se configure comme un projet et est conçue par les migrants comme un moyen pour “chercher leur vie”, a savoir pour chercher de manière autonome de nouvelles opportunités et une émancipation économique et sociale et s'imposer ainsi comme les acteurs de leur destin. Cette quête est orientée moins par une desti-nation precise que par la volonte de “sortir” et de circuler dans un ailleurs indefini et ouvert qui devient le catalyseur des imaginaires de réussite de ces migrants. Cette mobilité se réalise par étapes, à travers des découvertes, des explorations, des allers-retours : les migrants inventent ainsi étape après étape des parcours singuliers en reformulant constamment leurs itinéraires en fonction des contraintes et des opportunités qui se présentent. À travers mon enquête j'explore la relation existant entre cette forme de mobilité transnationale subalterne et des pratiques économiques de la mobilité et de la débrouille que les migrants in-ventent et développent afin d'alimenter leur trajectoire. Ces pratiques relèvent d'une économie de la pauvreté, caractérisée par des revenus extrêmement modestes et aléatoires et par un manque complet de toute forme de protection. Je montrerai que ces pratiques s'ancrent dans les marges de l'économie régulière et se greffent sur d'autres formes de mobilités qui se croisent et s'imbriquent dans la région tangéroise : des mobilités touristiques et commerciales notamment. Ces pratiques sont en outre transposables et peuvent être déclinées de manière inédite lors des étapes futures des itinéraires de ces self-made-migrants. Ces self-made-migrants sont donc les acteurs d'une mobilité subalterne qui se fonde sur des pratiques économiques de la débrouille qui leur permettent de circuler sur des territoires trans-nationaux et alimenter ainsi leur quête d'émancipation économique et sociale. Mots-clés : self-made-migrants, migration, mobilité transnationale, économie de la mobilité, économie de la débrouille, émancipation économique et sociale, étape, Maroc.