Thèse soutenue

Entre ciel et terre : socio-spatialité des Mebengôkré-Xikrin. Terre Indigène Trincheira Bacajá (T.I.T.B, Pará, Brésil).
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Auteur / Autrice : Stéphanie Tselouiko
Direction : Alexandre SurrallésClarice Cohn
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Anthropologie sociale et ethnologie
Date : Soutenance le 28/03/2018
Etablissement(s) : Paris Sciences et Lettres (ComUE) en cotutelle avec Universidade federal de São Carlos
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire d'anthropologie sociale (Paris ; 1960-...)
établissement de préparation de la thèse : École des hautes études en sciences sociales (Paris ; 1975-....)
Jury : Président / Présidente : Óscar Calavia Sáez
Examinateurs / Examinatrices : Óscar Calavia Sáez, Jean-Pierre Chaumeil, Vanessa Lea

Résumé

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Les Mebengôkré-Xikrin de la Terre Indigène Trincheira Bacajá (Pará, Brésil) traversent depuis peu des transformations politiques, économiques et écologiques sans précédents. Celles-ci sont liées, entre autres, à la mise en place de l’usine hydroélectrique de Belo Monte et aux projets de compensation qui l’accompagnent. Parmi les impacts une réduction du régime hydrique de leur rivière Bacajá, ayant pour conséquence une érosion de la biodiversité et une atteinte à leurs mobilité et autonomie dans leur rapport aux Autres. Dans ce contexte, ma thèse se donne pour objectif d’analyser la manière dont les Xikrin conçoivent et pratiquent actuellement leur territorialité en même temps qu’ils s’affirment et se reproduisent Mebengôkré, et ce, dans une profondeur historique permise par la littérature et les discours des Anciens. À la croisée entre l’anthropologie sociale et l’anthropologie de l’environnement, cette recherche s’inscrit dans la continuité des travaux récents sur la socio-spatialité qui ont entamé une révision de l’idée de fermeture imputée aux sociétés Jê et aux Mebengôkré en particulier. L’hypothèse est que les conceptions et pratiques de l’espace vécu par les Xikrin sont guidées par le rapport à l’Autre : les Kuben (les Blancs), les Mẽkarõ (les morts) et les animaux et végétaux peuplant les espaces extra et intravillageois. La thèse est structurée en suivant une analyse à trois échelles, de la plus large à la plus étroite : de la région comprise entre le Brésil Central et la Volta Grande do Xingu jusqu’au village, en passant par les lieux explorés de la Terre Indigène Trincheira Bacajá. L’analyse proposée permet de comprendre comment les Xikrin se sont constitués comme un collectif à part des autres Mebengôkré, en s’appropriant l’espace que constitue aujourd’hui la Terre Indigène Trincheira Bacajá, dans leur migration et dispersion à travers les scissions successives depuis leur sédentarisation. Cette thèse met finalement en évidence que les Xikrin, originaires d’un écosystème de savane, ont non seulement développé un rapport singulier avec la ville mais également avec les mondes de la forêt et de la rivière d’une région tropicale. Ainsi, les conclusions remettent en question la représentation dualiste concentrique de la socio-spatialité Xikrin, en permettant d’envisager les espaces extravillageois et leurs habitants non comme simplement asociaux et potentiellement socialisables mais au contraire comme ayant également un rôle dans la (re)production des personnes Mebengôkré et de la socialité Xikrin, notamment par l’apprentissage et l’appropriation d’éléments de ces espaces.