Thèse soutenue

Fonder la philosophie. Essai sur les aspects logiques et systématiques de la théoriehégélienne de la fondation

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Auteur / Autrice : Victor Béguin
Direction : Gilles Marmasse
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance le 23/11/2018
Etablissement(s) : Poitiers
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres, pensée, arts et histoire (Poitiers ; 2009-2018)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Métaphysiques allemandes et philosophie pratique (2012-....)
faculte : Université de Poitiers. UFR de sciences humaines et arts
Jury : Président / Présidente : Emmanuel Cattin
Examinateurs / Examinatrices : Gilles Marmasse, Annette Sell
Rapporteurs / Rapporteuses : Jean-François Kervégan, Christophe Bouton

Résumé

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L'objectif de cette thèse est d'interroger la manière dont Hegel conçoit la fondation absolue de la philosophie, c'est-à-dire la manière dont la philosophie fournit, à l'intérieur d'elle-même, la justification intégrale de la vérité absolue de son discours, justification qui, d'après Hegel, la caractérise en propre. Pour ce faire, après avoir brièvement replacé, à titre introductif, cette tentative hégélienne dans le cadre de la problématique de la fondation de la philosophie propre à la philosophie post-kantienne, nous étudions d'abord la manière dont Hegel rend compte de la genèse historique de l'exigence d'une auto-fondation absolue de la philosophie dans ses Leçons sur l'histoire de la philosophie, qui s'avèrent un espace hybride de position des problèmes philosophiques, à la fois historiquement donnés et toujours déjà philosophiquement construits. Nous interrogeons ensuite, à partir de la Doctrine de l'essence, le concept logique de fondement (Grund) dans ses tensions propres, pour montrer qu'il dégage l'espace des problèmes posés par la notion de fondation sans pouvoir leur apporter par lui-même une solution définitive : cette dernière nous paraît bien plutôt énoncée dans la Doctrine du concept, dont le mouvement d'ensemble (concept subjectif, objectivité, idée) fait l'objet d'une lecture permettant d'y faire ressortir à la fois l'Aufhebung interne du fondement et l'émergence de la notion d'auto-fondation, qui apparaît in fine dans la définition de l'idée comme processus de « développement progressif » et « fondation régressive » de soi. La fondation est alors définie comme un processus consistant à rendre raison de soi dans ses manifestations, ce que nous interprétons comme rupture avec le concept de fondement hérité de la métaphysique d'entendement, dont la logique hégélienne produit l'Aufhebung. L'idée ayant été ainsi définie, de manière formelle, comme processus de rendre raison de soi, nous étudions, dans une troisième partie, la manière dont la philosophie de la nature et la philosophie de l'esprit concourent au processus d'auto-fondation réelle de l'idée, c'est-à-dire, en dernière instance, à son effectuation comme esprit absolu ; à cette occasion, nous étudions plusieurs occurrences significatives de la notion de fondement dans la Realphilosophie, ainsi que le rapport du discours philosophique aux réalités dont il traite (rapport que Hegel nous semble prendre soin de distinguer d'une justification extérieure). Une quatrième partie vient alors étudier la manière dont la philosophie se pense elle-même comme fondation systématique de sa propre vérité : on soulève la question de savoir si le système a besoin d'un fondement externe pour garantir sa vérité (fondement que certains interprètes ont pu trouver dans la Phénoménologie de l'esprit ou dans l'histoire de la philosophie), et on étudie les syllogismes finaux de l'Encyclopédie pour y lire une réflexion de la philosophie sur sa propre fondation systématique. La thèse que nous soutenons au terme de ce parcours est que le profond remaniement spéculatif du concept de fondement qui aboutit à l'idée d'une autofondation au sens de « rendre raison de soi » (en rupture donc avec tout principe ou fondement réel ou formel tel qu'on en rencontre dans l'histoire de la philosophie), converge avec une redéfinition de la philosophie comme savoir rendant absolument raison de sa propre vérité, et même, au sens strict, ne fondant que sa propre vérité comme système, ce qui lui permet en même temps de libérer le sens vrai des objets qu'il parcourt et ordonne dans son déploiement systématique.