Thèse soutenue

Les Altérations corporelles dans l'image à l'Ancien Empire
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Auteur / Autrice : Bénédicte Lhoyer
Direction : Bernard Mathieu
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Égyptologie
Date : Soutenance le 05/12/2018
Etablissement(s) : Montpellier 3
Ecole(s) doctorale(s) : Territoires, Temps, Sociétés et Développement
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Archéologie des sociétés méditerranéennes (Montpellier)
Jury : Président / Présidente : Dimitri Laboury
Examinateurs / Examinatrices : Valérie Delattre
Rapporteurs / Rapporteuses : Hélène Guichard

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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L'art de l'Ancien Empire, ayant mis en place le canon dit « classique » du corps égyptien, est souvent décrit comme uniforme, fondé sur la répétition de la même image parfaite sur les murs des tombes. Pourtant, certains personnages se distinguent par leurs caractères physiques inhabituels, allant du détail corporel atypique à une infirmité évidente. Ainsi, des aveugles, boiteux, chauves, malades, bossus, nains ou encore obèses se dissimulent parmi leurs congénères dans les registres des programmes décoratifs. Une étude minutieuse des parois révèle une profusion de ces figures qui se distinguent par l'emplacement, la fonction, le rôle social, les attributs ou la nature de l'altération. Si certains groupes ont été largement étudiés ces dernières années comme les nains, d'autres demeurent moins connus voire à peine signalés dans les publications. Pourtant, ces images parfois crues et disgracieuses révèlent bien la volonté des artisans-artistes de cette époque de souligner un contexte spécifique et d'ajouter du sens à la scène. En rassemblant tous ces personnages en hors norme, en les comparant et en analysant leur iconographie, il est possible de tendre vers une vision plus proche de la réalité égyptienne, et notamment de la façon dont était perçue cette catégorie de population. D'autre part, la présence du handicap dans l'art égyptien pose une question essentielle : pourquoi avoir recréé sur les murs des tombeaux un univers fonctionnel non pas peuplé de sujets parfaits, mais parsemé d'êtres imparfaits ?Dans un champ d'investigation chronologiquement délimité (du Prédynastique au milieu du Moyen Empire), nous avons choisi d'analyser ces figures et leur apport à notre connaissance de la société égyptienne, et plus généralement à l'histoire et à la représentation du handicap dans l'art. Afin de mieux comprendre la perception du corps altéré chez les anciens Égyptiens, seront étudiés les mots qui les désignent, les causes médicales possibles, le développement et les innovations iconographiques qui ont pu se répandre dans toutes les nécropoles du pays. Le rôle de ses figures, les sens qu'elles recouvrent, ainsi que leur rapport avec les constatations médicales sur les restes humains nous en apprendront davantage sur la société égyptienne au temps des pyramides. Certaines figures, comme le bouvier émacié ou le notable replet, sont devenues les symboles d'une classe sociale particulière et ont connu une longévité dans l'art et la littérature. La reprise de certains motifs d'une sépulture à une autre, parfois distantes de centaines de kilomètres, révèlent également une stratégie fondée sur la référence et la citation.Ainsi, loin d'être un monde uniforme et régulier, les décors des tombeaux se révèlent finalement bien plus complexes et étoffés qu'une simple évocation de l'idéal égyptien.