Thèse soutenue

Sacralité, rituels et développement chez les Bunaq et Tetun de la région de Suia, Timor oriental

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Auteur / Autrice : Brunna Crespi
Direction : Dominique GuillaudJean-Christophe Galipaud
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Ethnogéographie
Date : Soutenance le 08/06/2018
Etablissement(s) : Paris, Muséum national d'histoire naturelle
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de la nature et de l'Homme - Évolution et écologie (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Patrimoines locaux, environnement et globalisation (Paris ; 2018)
Jury : Président / Présidente : Charles Illouz
Examinateurs / Examinatrices : Dominique Guillaud, Jean-Christophe Galipaud, Charles Illouz, Gilbert David, Claudine Friedberg, Vanina Bouté, Dana Rappoport
Rapporteurs / Rapporteuses : Charles Illouz, Gilbert David

Résumé

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À Kamanasa, ancien royaume marchand contrôlant la côte sud du Timor oriental, la population relève de différentes vagues de peuplements. Celles-ci combinent les mouvements migratoires interinsulaires liés au commerce ancien du santal et de la cire et les migrations depuis les foyers de peuplement montagnards de l’arrière-pays, pour aboutir à une double identification ethnolinguistique des groupes en tant que Tetun ou Bunaq. Cet ensemble politique a été soumis à de multiples bouleversements venus de l’extérieur, depuis les temps anciens jusqu’aux plus récents de la colonisation portugaise, puis de l’invasion indonésienne en 1975. Pourtant, la vie rituelle est restée particulièrement vivace, et même si beaucoup d'aspects de la vie traditionnelle ont été perturbés, ils se sont reconstitués et renforcés depuis l'indépendance du pays en 2002. Aujourd'hui, un méga-projet pétrolier et gazier lancé par le gouvernement place des populations extrêmement attachées à la gestion coutumière de leurs territoires et de leurs sociétés face à un développement accéléré, dans un contexte où les ajustements post- indépendance ne sont pas encore achevés. La question porte désormais sur les mutations à l’œuvre dans une société locale complexe face à un projet de développement industriel, et sur sa résilience culturelle et sociale, en se focalisant sur la question du territoire qui est central dans cette société enracinée. Pour traiter cette question, la thèse s’organise en cinq chapitres. Le premier chapitre jette les bases de la compréhension du terrain et du sujet, via l’exposé des grandes vagues de migration et de l’histoire, de la colonisation, de l’administration et des paysages. Le deuxième chapitre s’attache à la façon dont la société locale est structurée et aux différents éléments qu’elle met en avant dans son organisation, en particulier les maisons. Le troisième chapitre traite du territoire et de sa structuration, et en particulier de la façon dont il est géré par des rituels. Les changements que la société a connus par le passé seront abordés en s’appuyant sur les récits de la tradition orale, qui laissent entrevoir différents moments de l’histoire du royaume, feront l’objet du quatrième chapitre. Enfin le cinquième chapitre abordera les changements dans différents domaines, sociaux, rituels et économiques provoqués par le projet pétrolier dans la région de Suai, au sein des communautés locales de Kamanasa. Ces données permettent de mener à bien une analyse de la façon dont les populations locales, dans leur diversité, perçoivent le changement et y réagissent, et des perspectives qui s’offrent à elles pour leur intégration de la modernité dans leur société coutumière. La vitalité des pratiques culturelles se base sur leur capacité de résilience, permettant l’intégration de nouveaux éléments et symboles et favorisant l’intégration des changements.