Thèse soutenue

Enseigner la RDA : la transmission de l’histoire de la RDA en Allemagne et en France après 1990
FR  |  
DE  |  
EN
Accès à la thèse
Auteur / Autrice : Marie Müller-Zetzsche
Direction : Ulrich PfeilThomas Höpel
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langues, Littératures et Civilisations
Date : Soutenance le 28/06/2018
Etablissement(s) : Université de Lorraine en cotutelle avec Universität Leipzig
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Humanités Nouvelles - Fernand Braudel (Lorraine)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'études germaniques interculturelles de Lorraine
Jury : Président / Présidente : Corine Defrance
Examinateurs / Examinatrices : Ulrich Pfeil, Thomas Höpel, Barbara Christophe, Reiner Marcowitz, Maren Möhring
Rapporteurs / Rapporteuses : Corine Defrance, Barbara Christophe

Résumé

FR  |  
EN

L’histoire de la République démocratique allemande (RDA) est un sujet d’enseignement en Allemagne de l’Est et de l’Ouest et, avec beaucoup moins d’heures de cours, aussi en France. L’enseignement d’histoire de la RDA à l’école est la première occasion d’une transmission du savoir sur cet État disparu. Cette transmission est encadrée par une volonté politique qui se reflète dans les programmes d’éducation. En comparant l’enseignement en Allemagne de l’Ouest, de l’Est et en France, les mécanismes de mémoire collective et d’appropriation deviennent visibles : Quel contenu entre dans l’enseignement et comment ? À quel moment surgissent des conflits d’interprétations ?Afin de mieux comprendre la circulation et la transmission du savoir, l’étude suit trois chemins différents. D’abord, l’enseignement de la RDA après 1990 est étudié dans les champs de l’éducation scolaire de deux pays ainsi que dans les activités pédagogiques des musées d’histoire. Ensuite, les manuels comme médias de transmission sont objets de l’analyse. Enfin, du côté de la réception, des leçons d’histoire de trois classes de lycée ont été observées et ensuite interprétées.Les interprétations les plus d’importants de la RDA sont celle d’ « État SED » (Klaus Schroeder), de « dictature de sollicitude » (Konrad H. Jarausch), de « dictature de participation » (Mary Fulbrook) et d’« obstination » (« Eigen-Sinn ») (Alf Lüdtke). De manière générale, les représentants d’une interprétation politologique et ceux de la sociohistoire se disputent la vue « juste » de la RDA. Chez les premiers, la dominance du parti communiste SED avec ses mécanismes de pouvoir caractérise la constitution de l’État et de la société. Les socio-historiens regardent la relation complexe du pouvoir comme une pratique sociale avec les stratégies des citoyens de s’arranger avec ce pouvoir dans la vie quotidienne.En résumé, l’enseignement de l’histoire de la RDA est influencé par cinq domaines, dont un ne se démarque pas entièrement de l’autre : par la politique du passé, par l’Histoire en tant que science sociale, par la présence publique, par le marché des éditions scolaires et par la mémoire familiale. Les médiateurs du savoir qui agissent entre la politique du passé, l’Histoire et la présence publique ont le plus d’influence sur l’enseignement. Ce sont des commissaires dans les musées, des membres de comités qui préparent les programmes, mais aussi des professeurs au lycée. La réception du savoir des élèves, par contre, dépend plus des domaines du marché – du manuel et son récit de la RDA –, ainsi que de la mémoire familiale et la présence de la RDA dans les médias. Le cours d’histoire est influencé par ces trois domaines. La présence publique du discours sur la RDA y devient souvent visible lorsque les élèves et le professeur présentent des anecdotes de films et de documentaires. Moins visibles sont la mémoire familiale et la logique du marché des éditions scolaires.Comparant la transmission et la réception, l’hypothèse préalable, selon laquelle les élèves savent très peu et relativisent le caractère de dictature de l’État faute de connaissances, se modifie. L’étude montre que beaucoup de jeunes possèdent un savoir informel sur le passé socialiste de l’Allemagne de l’Est. Ce savoir informel ne peut pas forcément être représenté dans un questionnaire. De plus, une relation causale entre le manque de savoir et la banalisation de la RDA n’existe pas. Plus précisément, l’interprétation d’une RDA minimisée, défendue par les élèves à Leipzig, est basée sur la culture matérielle de l’État disparu et n’exclut pas l’interprétation de la RDA comme « État SED ». Dans la classe est-allemande, la banalisation de la RDA par les élèves n’apparait pas comme étant le résultat de leur ignorance mais plutôt comme étant, d’une part, de l’attachement à l’héritage dévalorisé de la RDA, et, d’autre part, le reflet de la loyauté exprimé par leurs parents et grands-parents