Thèse soutenue

Diversité génomique de Salmonella Derby en France

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Auteur / Autrice : Yann Sévellec
Direction : Michel-Yves Mistou
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Microbiologie
Date : Soutenance le 26/11/2018
Etablissement(s) : Paris, Institut agronomique, vétérinaire et forestier de France
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Agriculture, alimentation, biologie, environnement, santé (Paris ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de sécurité des aliments de Maisons-Alfort et de Boulogne-sur-Mer - AgroParisTech (France ; 2007-....)
Jury : Président / Présidente : Pierre Colin
Examinateurs / Examinatrices : Pierre Colin, Philippe Velge, Pierre Nicolas, Annaëlle Kerouanton, Philippe Glaser, Sabrina Cadel-Six
Rapporteurs / Rapporteuses : Philippe Velge, Pierre Nicolas

Résumé

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Salmonella enterica est la première cause de zoonose humaine dans l’Union Européenne et représente un enjeu majeur de santé publique. Salmonella enterica subsp. enterica sérovar Derby (S. Derby) est l’un des sérovars les plus fréquemment isolés dans l’alimentation humaine et plus particulièrement dans les filières porcines et aviaires. Il appartient également aux 5 sérovars les plus fréquemment isolés des cas cliniques humains en Europe. Malgré la menace que pose le sérovar Derby pour la santé humaine la structure génétique de la population de S. Derby est mal connue. Cela est dû au faible pouvoir discriminant de la technique de référence (PFGE) utilisée pour le sous-typage des salmonelles vis-à-vis du sérovar Derby mais également au manque de représentativité des collections qui ont été sélectionnées dans des études précédentes.Notre étude a comme objectifs : 1/ l’étude de la diversité génétique et la structure de la population de Salmonella Derby en France par séquençage du génome complet 2/ l’utilisation des données génomiques pour mener un sous-typage efficace et précis des cas sporadiques attribué à S. Derby et 3/ la meilleurs compréhension d’une part de la transmission de S. Derby de l’animal à l’humain et, d’autre part, de la spécificité de ce pathogène aux hôtes porcin at aviaire.Une collection de souches représentative de la diversité génétique de S. Derby a été constituée avec une approche One Health regroupant tout à la fois des souches isolées dans le domaine clinique et dans les filières porcines et aviaires où S. Derby possède une forte prévalence. A partir de la collection de souches du Laboratoire de santé des aliments (LSAL) de l’ANSES et de l’Institut Pasteur, 302 souches humaines et 140 souches alimentaires de S. Derby ont été sélectionnées pour les années 2014 et 2015. Les génomes de 442 souches ont été séquencés et l’analyse des variants du core génome (SNP, single nucléotide substitution) nous a permis d’en étudier la diversité génétique. Les résultats démontrent la nature polyphylétique du sérovar Derby avec 3 lignées génétiquement distantes caractérisées par 4 profils MLST (ST39, ST40, ST71 and ST682). Les souches caractérisées par les profils MLST 39 et 40 constituant une lignée génomique, les souches ST71 et ST682 les deux restantes. En France le sérovar Derby est divisé entre 3 lignées distantes de 15 k SNP en moyenne. Le ST40, associé à la filière porcine, regroupant à lui seul 71% des cas humains. A l’inverse le ST71, associé à la filière volaille, regroupe seulement 2% des cas humains. Cette étude permet d’attribuer 93% des cas cliniques humains aux lignées de S. Derby issues du secteur porcin.Pour expliquer ces résultats, une étude bioinformatique du pangénome des souches de la collection a été effectuée. La diversité génétique des facteurs de virulence clés de Salmonella ainsi que le profil d’antibiorésistance ont été étudiés afin de déterminer le potentiel de virulence de chaque lignée et avancer des hypothèses moléculaires sur la spécificité de ces lignées à leur hôte. Ces investigations génomiques ont été complétées par des essais d’invasion cellulaire sur cellules épithéliales humaine, porcine et aviaire.L’analyse du pan génome confirme des différences importantes en termes de présence ou absence de gènes de virulence, et met en évidence des différences alléliques pour des gènes associés à la spécificité à l’hôte et à la survie intracellulaire. Un profil d’antibio-résistance majoritaire, est présent au sein du ST40. Enfin, la lignée ST40 et ST39 est caractérisée par un ilôt de pathogénicité unique : le SPI-23, connu pour faciliter l’invasion chez le porc. Les essais d’invasion cellulaire confirment une capacité d’invasion des cellules épithéliales humaines limitée pour l’ensemble des souches du ST71.