Thèse soutenue

Construire des immeubles au royaume des maisons La densification des bourgs périurbains franciliens par le logement collectif : modalités, intérêts et limites

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Auteur / Autrice : Claire Fonticelli
Direction : Patrick Moquay
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences du paysage
Date : Soutenance le 27/11/2018
Etablissement(s) : Paris, Institut agronomique, vétérinaire et forestier de France
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Agriculture, alimentation, biologie, environnement, santé (Paris ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de Recherche de l'Ecole Nationale Supérieure du Paysage (LAREP ; Versailles Marseille) - AgroParisTech (France ; 2007-....)
Jury : Président / Présidente : Marie-Christine Jaillet
Examinateurs / Examinatrices : Marie-Christine Jaillet, Éric Charmes, Monique Poulot, Xavier Desjardins, Jean-Claude Driant
Rapporteurs / Rapporteuses : Éric Charmes, Monique Poulot

Mots clés

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Résumé

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Alors que le périurbain est souvent vu comme le royaume du logement individuel, le parc de logement des communes périurbaines se diversifie en Ile-de-France, notamment parce que la densification s’y impose de plus en plus comme mode d’urbanisation (Fonticelli et Moquay, 2018). Ces communes se trouvent donc contraintes de construire autrement, et notamment de réaliser du logement collectif. Celui-ci y représente 40% des opérations de construction de logement (Sit@del 2009-2013).Diversifier ce parc en proposant de plus petits logements ainsi qu’une offre locative permettrait alors de répondre aux besoins des jeunes ménages, des familles monoparentales ou des personnes âgées qui n’ont pas nécessairement les moyens ou l’envie d’habiter dans du logement individuel. Ce serait un moyen de favoriser la maturation périurbaine que connaissent déjà des communes de l’Ouest francilien (Berger, 2014), tout en de dynamisant la commune et en favorisant la transition démographique, souvent souhaitée par les élus.Pourtant, la densification est loin d’être évidente sur ces communes : les difficultés à densifier sont réelles dans ces communes. Le coût direct de la densification pour la collectivité est le plus souvent très élevé, et le marché laissé libre ne produirait que des maisons individuelles, exception faite de certaines communes gentrifiées attractives pour des promoteurs. L’argent public, provenant aussi bien des communes, que des conseils départementaux ou des PNR devient ainsi indispensables pour construire en densification dans ces communes : la densification en collectif est largement subventionnée par la puissance publique dans les bourgs.Le manque d’acteurs pour réaliser ces opérations est également un frein, que ce soit en termes d’ingénierie pour aider à réaliser la construction qu’en termes d’opérateurs ou de promoteurs, même si certaines structures se repositionnent – PNR, conseils départementaux par le biais de leurs agences – et permettent à certaines communes de porter des projets innovants.Dès lors, sur ces bourgs périurbains, en dehors de certaines communes gentrifiées, la plupart des constructions revêtent un style standardisé : les immeubles de petit collectif utilisent le plus souvent des formes architecturales dites de « néo-village » qui imitent l’architecture traditionnelle des bourgs sans hésiter à la détourner. Au-delà, l’architecture des centres-bourgs se doit être la plus consensuelle possible pour ne pas rajouter des crispations complémentaires pour les habitants. Elle se traduit par des façades sur rue, peu rythmées, qui interdisent les balcons et les terrasses auxquelles les habitants aspirent. Or, dans ces communes où habiter dans une maison est la norme, et où le rêve d’un jardin est important, ces appartements peinent à répondre aux aspirations de leurs habitants.En cela, la densification révèle un côté irréconciliable entre les attentes des habitants et celles des élus/architectes. L’investissement important que la densification demande pour se réaliser – aussi bien en termes de risque politique que d’argent public – en comparaison à la satisfaction en demi-teinte par laquelle elle se traduit, une fois achevé, invite finalement à se remettre en la pertinence des politiques de densification poussées sur les territoires périurbains, notamment lorsqu’elle s’opère à marche forcée.