Thèse soutenue

Origine et transformation d'un système agraire au Sénégal - La zone des Niayes -
FR  |  
EN
Accès à la thèse
Auteur / Autrice : Yohann Fare
Direction : Marc Dufumier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Géographie
Date : Soutenance le 04/07/2018
Etablissement(s) : Paris, Institut agronomique, vétérinaire et forestier de France
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Agriculture, alimentation, biologie, environnement, santé (Paris ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Pôle de recherche pour l'organisation et la diffusion de l'information géographique (Paris ; 1988-....)
Jury : Président / Présidente : Hubert Cochet
Examinateurs / Examinatrices : Hubert Cochet, Benoît Lallau, Luc Descroix, Christine Aubry, Rémi Hémeryck
Rapporteurs / Rapporteuses : Benoît Lallau, Luc Descroix

Résumé

FR  |  
EN

Le système agraire de la région des Niayes, située sur le littoral nord du Sénégal, entre Dakar et Saint-Louis a été étudié. Des enquêtes historiques et une centaine d’enquêtes d’exploitations agricoles ont été réalisées. Quatre-vingt enquêtes ont pu être utilisées pour établir les résultats économiques. Les grandes phases dans l’évolution du système agraire de la région étudiée ont été distinguées. 1. A la période précoloniale, une économie de cueillette (vin et huile de palme) et une agriculture itinérante à base de mils et d’arachide au Sud ; des systèmes d’élevage transhumants au Nord. 2. Durant la période coloniale, le maraîchage devient une source de revenus monétaire pour les paysans des Niayes qui, compte tenu des conditions du milieu, ne pouvaient pas profiter du boom arachidier du Dieri voisin ; ce développement fut aussi une réponse aux besoins croissants des villes en fruits et légumes. 3. Durant les grandes sécheresses (1970s-1980s), l’extension des terroirs maraîchers et intensification des systèmes de culture en raison d’un l’afflux de migrants et grâce à la création d’une forme de contrat à part de fruit, le mbeye seddo qui permet de répartir la valeur ajoutée entre un patron et un saisonnier, le sourgha. 4. Depuis 20 ans, développement de systèmes de culture motorisés, avec un creusement des écarts de revenus entre les exploitations manuelles et motorisées d’une part et entre les exploitations patronales et familiales d’autre part. Au sein du système agraire contemporain, nous avons distingué trois grandes catégories d’exploitations (familiales, patronales et capitalistes) ; au sein de ces groupes des exploitations pratiquent des systèmes de culture manuels, semi-motorisés ou motorisés. Le seuil de reproduction (c’est-à-dire le niveau minimal de ressources nécessaires) a été estimé pour une famille moyenne à 149.000 F CFA par actif et par an (227 euros).Une première catégorie d’exploitations est un système vivrier sur friches courtes à palmeraies. Avec les systèmes de cultures manuels, il est possible pour un actif de mettre en valeur 800 à 1200 m2 de cuvette maraichères (niaye) selon l’espèce cultivée, avec au mieux 2 campagnes par an. Le revenu varie de 500 à 1500 euros/actif/an. Avec les systèmes mixtes (exhaure motorisée et distribution manuelle de l’eau) on passe à 2500 m2/actif, avec aussi 2 campagnes par an et un revenu de 500 à 2600 euros/actif/an. La motorisation complète (exhaure motorisé et distribution par aspersion, à la lance) permet de faire 2 à 4 campagnes par an sur 3000 à 3500 m2/actif. Les revenus vont de 2000 à 10 000 euros/actif/an.Les exploitations familiales manuelles ou patronales avec peu de sourgha sont les plus en difficultés avec un revenu situés à peine au-dessus du seuil de reproduction (en moyenne 260 à 300 euros/actif/an, parfois 100 euros) sur moins de 2000 m2/actif familial. Avec un recours important aux sourghas les exploitations manuelles gagnent entre 1000 et 1800 euros/actif/an sur 4000 m2 à 1 ha/actif familial. Les exploitations motorisées (mixtes et intégrales) peuvent cultiver entre 1000 m2 (mixte) et 1 ha/actif familial (intégral), avec des revenus allant de 1500 euros/actif/an (système familial à exhaure motorisée et distribution manuelle) à 3500 euros/actif/an (système capitaliste motorisé intensif à 4 campagnes/an).Si la motorisation est tentante pour améliorer les revenus, mais ne se révèlerait pas durable pour le milieu (surexploitation de la nappe phréatique, pollutions diverses, dépendance aux énergies fossiles). La « course à la motorisation » creuse les écarts de revenus avec les exploitations manuelles et avec les rapports sociaux actuels, la répartition de la valeur ajoutée mériterait d’être révisée.