Thèse soutenue

Le relogement à Annaba : un paradoxe entre normes, politiques d'aménagement et réalités urbaines

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Auteur / Autrice : Amir Ouzerdine
Direction : Michel Favory
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Aménagement de l'espace et urbanisme
Date : Soutenance le 05/11/2018
Etablissement(s) : Bordeaux 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Montaigne-Humanités (Pessac, Gironde)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Passages (Pessac, Gironde ; Pau ; Talence, Gironde)
Jury : Président / Présidente : Jean-Pierre Augustin
Examinateurs / Examinatrices : Michel Favory, Corinne Siino, Yankel Fijalkow
Rapporteurs / Rapporteuses : Corinne Siino, Yankel Fijalkow

Résumé

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La ville algérienne subit depuis ces dernières décennies de profondes transformations de ses territoires suite à une urbanisation galopante, une mobilité croissante, une recomposition socio-spatiale et une diversification des enjeux collectifs et individuels. La recomposition de ces territoires urbains, centraux et périphériques, est soumise à des normes d’habitation et à des règles d’urbanisme, qui ont une dimension universelle et qui s’appliquent à l’ensemble des tissus urbains. Ces normes et ces règles visent à la réalisation d’une part, de lotissements d’habitat individuel et d’autre part de zones d’habitat collectif pour répondre à une crise de logement et reloger les habitants des tissus précaires et informels. Cependant, Il ne semble pas exister dans les textes réglementaires, ni dans les aménagements proposés, de volonté de prendre en compte les particularités urbaines, or la plus part des grandes villes algériennes possèdent des tissus urbains particuliers dont la morphologie, la typologie et les pratiques ne se conforment pas à celle du lotissement ou des ensembles collectifs. Pire encore le processus et les opérations de relogement évoluent sans concertations entre les différents acteurs du projet. L’exemple de la ville de Annaba a permis à la fois de prendre "à revers" les projets de relogement des aménageurs ainsi que les idéaux qu’ils véhiculent et de révéler le décalage entre les représentations des relogeurs et des relogés (publiques et sociales). Ceci est lié essentiellement à un climat d’ignorance et de méfiance mutuelle. La collaboration entre ces deux acteurs reste très restreinte. Les causes sont multiples et seraient à l’origine de l’image actuelle (dévalorisée) de la ville et des expressions spatiales et sociales souvent à l’opposé du projet urbain de base. La nature des relogements effectués, d’un habitat traditionnel précaire avec ses règles d’usage codifiées et assimilées, à un habitat social de type collectif standard, peut provoquer des réactions problématiques sur le plan social (rapport de voisinage) et/ou sur le plan spatial (détournement des espaces publics, délimitation des espaces privés). Changeant d’horizon spatial, parfois social, ces citadins reformulent leurs manières de voir la ville, mais détournent une opération d’urbanisme unilatéralement échafaudée par les aménageurs. Derrière toute cette expression architecturale et/ou urbaine, individuelle et/ou collective, sous forme de réponse spatiale et/ou sociale, se cache les particularités d’un tissu traditionnel qui perd de son efficacité, de son apport, ainsi que son identité. Les habitants essaient de reproduire (reformuler) certaines pratiques essentiellement issues de la médina traditionnelle, autrefois centre de vie sociale important. Reste à savoir les conséquences de ces nouvelles formes de réponses sociales et spatiales sur les nouveaux aménagements et leurs aspects urbains.