Thèse soutenue

Danser avec Samuel Beckett

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Auteur / Autrice : Évelyne Clavier
Direction : Pascale SardinJean-Michel Gouvard
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littératures française, francophones et comparée
Date : Soutenance le 05/07/2018
Etablissement(s) : Bordeaux 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Montaigne-Humanités (Pessac, Gironde)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Textes, littératures, écritures et modèles (Pessac, Gironde)
Jury : Président / Présidente : Stefano Genetti
Examinateurs / Examinatrices : Pascale Sardin, Jean-Michel Gouvard, Jean-Michel Perez, Catherine Ramond, Florence Fix

Résumé

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Ce travail de recherche se propose d’analyser le rapport de Samuel Beckett (1906-1989) à la danse ainsi que la relation de deux chorégraphes contemporains Dominique Dupuy (1930-) et Maguy Marin (1951-) à ses œuvres. La première partie démontre que Samuel Beckett a été influencé par la danse moderne qu’il a découverte dans l’entre-deux-guerres. Son écriture est devenue plus gestuelle et son propos plus politique. Ainsi, aux corps sains et glorieux promus par les arts nazis, oppose-t-il dans son premier théâtre les corps vulnérables travaillés par la vieillesse et les handicaps, ceux d’hommes que le IIIe Reich a voulu rendre superflus. En 1953, la danse de Lucky d’En attendant Godot est un moyen de dire l’innommable de cette violence. En 1981, la danse de Quad fait resurgir les fantômes du passé pour prévenir le retour du pire. Comment le dire ? La danse, un art du « non mot » participe à cette recherche qui traverse l’œuvre de Samuel Beckett. Ce dont on ne peut pas parler, c’est cela qu’il faut danser. Dans un deuxième temps, cette étude montre comment les œuvres de Samuel Beckett sont à leur tour inductrices de danses où les êtres vulnérables résistent et appellent au care. Danser avec Oh les beaux jours, Acte sans paroles et Cap au pire permet à Dominique Dupuy d’interroger les possibles du grand âge et d’en transformer les représentations. A partir de Fin de partie, Maguy Marin écrit en 1981 May B, une pièce chorégraphique, aux antipodes de la danse performante, qui rend visibles les handicaps. Son œuvre invite à une lecture actualisante de l’œuvre de Samuel Beckett prenant en considération la condition des personnes handicapées et permettant d’entrevoir la possibilité d’une société plus inclusive. La dernière partie témoigne qu’une lecture éthique des œuvres de Samuel Beckett et de leurs projections chorégraphiques peut devenir le vecteur de pratiques d’inclusion et d’émancipation par l’école. Telle est la vocation du projet Meeting Beckett mené en 2016-2017 en partenariat avec le chorégraphe K Goldstein, avec les élèves en situation de handicap d’un dispositif Ulis (Unité localisée pour l’inclusion scolaire) et ceux d’une classe de 5ème. Il s’agit enfin de se demander dans quelle mesure les pratiques artistiques peuvent susciter de nouveaux gestes professionnels à l’école et initier une dynamique inclusive, capable de faire une place à chacun et chacune au sein de la société.