Thèse soutenue

L’oeuvre de Nicole Cage-Florentiny : de l’Antillanité à la Caribéanité via l’Hispanité : une poétique de la Relation

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Auteur / Autrice : Patricia Conflon-Gros-Desirs
Direction : Cécile Bertin-Elisabeth
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langues et Littératures Interculturelles et Éthique du Divers
Date : Soutenance le 30/11/2018
Etablissement(s) : Antilles
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Milieu insulaire tropical : dynamiques de développement, sociétés, patrimoine et culture dans l'espace Caraïbes-Amériques (Pointe-à-Pitre)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherches interdisciplinaires en lettres, langues, arts et sciences humaines (Schoelcher, Martinique)
Jury : Président / Présidente : Raphaël Confiant
Examinateurs / Examinatrices : Cécile Bertin-Elisabeth, Franck Collin, Yolaine Parisot, Victorien Lavou, Boubakary Diakite

Résumé

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Ce travail de recherche s’intéresse à l’œuvre poétique et en prose de Nicole Cage-Florentiny, écrivaine martiniquaise qui reçut en 1996, à Cuba, le prestigieux Prix Casa de las Américas. Archipélique et protéiforme, l’œuvre de Nicole Cage-Florentiny (romans, nouvelles, poésie, traductions) écrite en français, en créole et en espagnol, exprime les douloureuses relations ambivalentes qu’entretient tout Antillais avec la Caraïbe et le monde, questionnant ainsi la société antillaise en mal d’ancrage et en quête d’identité stabilisée face aux folies mortifères.L’œuvre de Nicole Cage-Florentiny est notamment nourrie par sa formation en espagnol et son militantisme idéologique qui la poussent à établir des liens très forts avec la Caraïbe hispanique, lesquels lui apportent d’ailleurs reconnaissance internationale et possibilité d’être publiée. Nicole Cage-Florentiny défend notamment une féminité afro-descendante en actes et en paroles, contre toutes les violences et les silences imposés, contre toutes les filiations hachées et ces familles déstructurées omniprésentes dans l’œuvre cagienne. S’affirmant comme héritière de Césaire et nourrie de l’Antillanité glissantienne, Nicole Cage-Florentiny cherche à relier les hommes et les femmes antillais et avec leur terre de nouvel ancrage depuis l’arrachement de l’Afrique et entre eux, tout autant qu’avec le reste de la Caraïbe en une approche post-coloniale du refus de toutes les marginalisations. Et c’est par l’Hispanité que Nicole Cage-Florentiny s’efforce de proposer une voie de reliance et de résilience effective.Autrement dit, l’Hispanité -dans sa dimension linguistique, épistémologique et littéraire (littérature péninsulaire avec notamment le modèle picaresque et littérature hispano-américaine avec l’importance de la dimension réelle-merveilleuse) s’avère être dans l’œuvre cagienne un enjeu (et un détour) esthétique indéniable en tant qu’élément-clé d’une reterritorialisation possible des Antillais. Il s’agit donc de souligner combien les positionnements de Glissant, depuis son fameux Discours antillais, affleurent à maintes reprises dans l’œuvre cagienne qui souhaite relier les pans d’h/Histoires oublié(e)s pour rétablir la dignité des mémoires « subalternes » et construire une poétique de l’Antillanité en interrelation(s), notamment à partir de la Caraïbe hispanique.La voix/voie de reterritorialisation caribéenne que propose l’œuvre cagienne s’inscrit dès lors dans le prolongement théorique et conceptuel d’un désir de réappropriation du lieu caribéen, exprimé déjà chez Glissant depuis le Discours antillais jusqu’à notamment sa Poétique de la Relation. Assurément, pour que les Antillais puissent affirmer leur Caribéanité, il conviendrait comme le souligne Nicole Cage-Florentiny, tant dans sa prose que dans sa poésie, de reconquérir mémoire et relation au lieu insulaire (terre et mer). Cette réhabilitation est alors sous-tendue par une quête de « sororité », soit un projet de « carrefours » en acte, constamment réécrits, comme pour mieux relier les éléments de la triade Antillanité, Hispanité et Caribéanité, et ce à partir d’une valorisation féminine dont le traitement est assurément l’une des originalités de l’œuvre cagienne.