Thèse soutenue

Le mouvement-liberté. Généalogie philosophique et littéraire d'un imaginaire politique (1897-2017)

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Auteur / Autrice : Julien Jeusette
Direction : Dominique RabatéNathalie Roelens
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature générale et comparée
Date : Soutenance le 22/09/2017
Etablissement(s) : Sorbonne Paris Cité en cotutelle avec Université du Luxembourg
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Langue, littérature, image, civilisations et sciences humaines (domaines francophone et anglophone) (Paris ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'étude et de recherche interdisciplinaire de l'UFR LAC (Paris ; 2009-....)
établissement de préparation : Université Paris Diderot - Paris 7 (1970-2019)
Jury : Président / Présidente : Pierre Schoentjes
Examinateurs / Examinatrices : Dominique Rabaté, Nathalie Roelens, Pierre Schoentjes, Alexandre Gefen, William Marx
Rapporteurs / Rapporteuses : Alexandre Gefen

Mots clés

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Mots clés libres

Résumé

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Cette thèse qui se situe au croisement de trois champs de recherche (la littérature, la philosophie, l’histoire des idées) a pour ambition de retracer la manière dont le déracinement, le nomadisme et l’errance ont été investis, à un moment donné de notre Histoire, d’une appréciation positive, au moment même où la sédentarité et l’enracinement se sont vus taxés de conservatisme ennuyeux. Nous postulons que ces évaluations particulières forment un imaginaire politique, dans la mesure où elles sous-tendent une conception particulière du pouvoir (conçu comme un pouvoir-bloquer, un pouvoir-figer) et une conception particulière (spatiale) de la liberté. Cet imaginaire politique, que nous avons nommé « mouvement-liberté » (tout discours axiologique valorisant le mouvement libre et infini, et dévalorisant l’immobilité, la sédentarité et l’enracinement), émerge dans Les Nourritures terrestres d’André Gide et dans Ainsi parlait Zarathoustra de Nietzsche à la fin du XIXe siècle. Nous montrons ensuite que ce discours s’amplifie au cours des années 1920-1930, notamment au sein des textes que nous avons qualifiés de « romans de fuite » ; la troisième partie de la thèse porte sur les années 1960-1970 et met en évidence la redondance discursive du « mouvement-liberté » au sein de la « French theory ». Alors que ces trois premières parties retracent la constitution et l’évolution de cet imaginaire politique minoritaire, la quatrième et dernière partie cherche à penser le retournement qui voit le mouvement-liberté phagocyté par la logique néolibérale. En effet, ce discours, qui était politiquement critique et explicitement de l’ordre du « contre-pouvoir » de la fin du XIXe siècle jusqu’aux années 1970, est aujourd’hui récupéré par le néolibéralisme, qui le revendique pour son propre compte et le travestit en « idéologie nomade » - nous montrons qu’il s’agit bien là d’un travestissement. La généalogie que nous proposons permet de saisir des infléchissements importants quant à l’histoire de la subjectivité et de la politique.