Thèse soutenue

« Terres d’avenir » : Identité, réseaux et territorialité germanophones dans l’Atlantique Sud, 1820-1930

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Auteur / Autrice : Isabelle Rispler
Direction : Pilar González Bernaldo de QuirósKenyon Zimmer
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire, histoire de l’art et archéologie. Histoire et civilisations
Date : Soutenance le 11/07/2017
Etablissement(s) : Sorbonne Paris Cité en cotutelle avec University of Texas at Arlington
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Economies, espaces, sociétés, civilisations : pensée critique, politique et pratiques sociales (Paris ; 2000-2019)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Identités, cultures, territoires (Paris ; 1992-....)
établissement de préparation : Université Paris Diderot - Paris 7 (1970-2019)
Jury : Président / Présidente : Philippe Rygiel
Examinateurs / Examinatrices : Pilar González Bernaldo de Quirós, Kenyon Zimmer, Philippe Rygiel, Julio Djenderedjian, Jose C. Moya, Annick Lempérière, David C. LaFevor, Steven G Reinhardt
Rapporteurs / Rapporteuses : Julio Djenderedjian, Jose C. Moya

Résumé

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Le mouvement de germanophones vers l’Atlantique Sud n’a pas commencé avec les Nazis cherchant refuge dans l’après-guerre, ni avec la mise en place d’un protectorat allemand au Sud-Ouest africain en 1884. Tout au long du XIXe siècle, la grande majorité des germanophones ayant quitté l’Europe a voyagé et migré en Amérique du Nord, mais un certain nombre de germanophones avaient choisi l’Argentine et la Namibie bien avant le tournant du XIXe siècle. Des marchands et missionnaires germanophones avaient commencé à voyager dans l’Atlantique Sud et à s’y installer dans les années 1820s. Ces germanophones de l’Atlantique Sud étaient influencés par les conditions changeantes en Europe : la mobilité accrue des personnes et des biens au travers de l’évolution technologique et de la dominance croissante d’Etats-nations sur la scène politique de l’Europe occidentale. Après sa fondation en 1871, l’Etat-nation allemand étendît son influence politique avec ses croissantes aspirations au pouvoir sur le marché global. Après 1900 en particulier, les Allemands politiquement actifs ont cherché à contrer la compétition croissante des Etats-Unis sur le plan économique ; en tentant de rediriger les migrants germanophones des Etats-Unis vers les territoires qu’ils considéraient plus aptes pour l’aide et le contrôle continu de la part de l’Etat-nation allemand. Dans ce contexte, la majorité des Allemands reconnaissaient le Sud-Ouest africain allemand en tant que seul territoire à la hauteur de la colonisation allemande à grande échelle. Au même moment, les germanophones en Argentine devenaient actifs en promouvant l’Argentine comme destination idéale pour la migration germanophone, et un grand nombre de publications le louaient en tant que « pays d’avenir ». Les publications sur les Allemands aux Etats-Unis et au Canada sont nombreuses, mais les germanophones ayant choisi l’Atlantique Sud ont reçu moins d’attention. Parmi cette littérature secondaire, les Allemands en Argentine étaient traités comme des migrants étrangers à la République, tandis que les Allemands en Namibie ont été tout d’abord étudiés par rapport au colonialisme allemand. J’argumente que c’est les historiens qui ont crée cette division qui accentue davantage les différences entre les trajectoires historiquement rendues, et qui cachent les connections et similarités qui étaient évidentes aux migrants germanophones du XIXe siècle. Je me propose d’étudier ces germanophones dans un seul champ analytique. J’argumente que malgré les différences des circonstances politiques respectives, les expériences du quotidien des germanophones de ces deux côtés de l’Atlantique Sud étaient plus similaires que différentes. J’analyse les publications et les pensées des contemporains du XIXe siècle afin de surmonter la dichotomie crée par les historiens en tant que genres de mouvement mondiaux distincts et mutuellement exclusifs. Ce qui s’est passé dans l’Atlantique Sud peut être appelé « colonisation transnationale » : des Etats-nations émergents étaient impliqués dans le processus de colonisation –l’Argentine en Amérique du Sud et l’Allemagne dans le Sud-Ouest africain – et des fonctionnaires aidaient à accroitre leur expansion. Cependant, au sein de ces Etats, les personnes qui maintenaient une variété d’identités et d’origines européennes, étaient des agents actifs dans le processus de colonisation. Mes sources primaires comprennent des textes produits par les migrants de courte et longue durée, comme les récits de voyage, ainsi que les archives des communautés et gouvernements actuellement situés en Allemagne, en Argentine et en Namibie...