Thèse soutenue

Ethnographie des pratiques numériques des personnes à la rue

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Auteur / Autrice : Marianne Trainoir
Direction : Pascal PlantardBertrand Bergier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de l'éducation
Date : Soutenance le 18/12/2017
Etablissement(s) : Rennes 2
Ecole(s) doctorale(s) : Éducation, Cognition, Langages, Interactions, Santé (ECLIS) (Nantes)
Partenaire(s) de recherche : COMUE : Université Bretagne Loire (2016-2019)
Laboratoire : Centre de Recherche sur l'Education, les apprentissages et la didactique
Jury : Président / Présidente : Marc-Henry Soulet
Examinateurs / Examinatrices : Laurence Arenou, Julie Denouel
Rapporteurs / Rapporteuses : Thierry Piot, Francis Jauréguiberry

Résumé

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La question « SDF » est étudiée au sein de deux paradigmes : l’approche critique qui insiste sur les phénomènes de domination sociale et l’approche interactionniste qui souligne les adaptations successives que les individus mettent en oeuvre. Ces adaptations sont étudiées à travers des situations particulières dans lesquelles l’identité de sansdomicilese construit et une carrière se dessine. Cette carrière est abordée soit comme une carrière de désocialisation dont la clochardisation constitue l’horizon, soit comme une carrière de survie dont le maintien de soi forme la perspective quotidienne et biographique. Dans ce cadre, les travaux menés sur les questions de la « sortie » et du « chez soi »ouvrent la voie à une approche renouvelée du maintien de soi au-delà de la gestion de la « face » en situation. C’est dans cette perspective que s’inscrit notre ethnographie des pratiques numériques comme supports pratiques du maintiende soi. L’expérience de l’errance est traversée par un certain nombre d’épreuves rassemblées dans une lutte pour le maintien de soi. Ainsi, le maintien de soi est à la fois une préoccupation quotidienne et une question biographique englobant les temporalités passées, présentes et futures. Il se travaille dans le quotidien de la survie mais aussi dans le travail de mémoire, de présentation, d’expérimentation et de projection de soi. Si la lutte contre la déprise est un travail essentiellement invisible, les pratiques numériques, observées dans l’écologie de l’activité, offrent une entrée pourl’observation et l’analyse. Ainsi, les pratiques numériques supportent, dans le quotidien de la survie, les démarches d’accès aux droits et la négociation de marges d’autonomie. Elles sont également un support des sociabilités familiales etamicales. Les pratiques numériques, à l’interface entre le privé et le public permettent aux personnes à la rue de s’aménager des temps et des espaces pour se soucier d’elles-mêmes. Enfin, notre recherche montre que les pratiques numériques constituent un support ambivalent, tantôt habilitant, tantôt disqualifiant. En effet, le support ne s’actualise pas nécessairement positivement et peut, au contraire, se retouner contre le sujet, alimentant l’émiettement identitaire et renforçant les sentiments de solitude et d’indignité.