Thèse soutenue

L'ego, son expression, sa vie, sa naturalisation : une crise des sciences de la subjectivité

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Auteur / Autrice : Jean-Daniel Thumser
Direction : Natalie Depraz
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance le 08/12/2017
Etablissement(s) : Paris Sciences et Lettres (ComUE)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres, Arts, Sciences humaines et sociales (Paris ; 2010-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Pays germaniques, transferts culturels (Paris)
établissement de préparation de la thèse : École normale supérieure (Paris ; 1985-....)
Jury : Président / Présidente : Jacob Rogozinski
Examinateurs / Examinatrices : Natalie Depraz, Jacob Rogozinski, Stéphane Chauvier, Jean-François Lavigne
Rapporteurs / Rapporteuses : Stéphane Chauvier, Jean-François Lavigne

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Ce travail thématique et historique a pour objectif de mettre en lumière les difficultés que l'on peut rencontrer lorsque nous tentons de saisir ce que signifie la vie de l'ego d'un point de vue phénoménologique et scientifique. Les questions qui nous animent sont les suivantes et rythment le travail présent : que signifie précisément dire « Je » ? ; Quelle est la caractérisation de l'ego dans la phénoménologie husserlienne ? Dans quelle mesure la vie de l'ego peut-elle être naturalisée ?Notre cheminement suit les traces du corpus husserlien, en ce que nous considérons qu'il est tout d'abord nécessaire d'éclaircir le sens du terme ego dans l'optique d'une « phénoménologie analytique ». Cela nous a permis de comprendre que l'indexical « Je » peut être la marque d'une « ingénuité descriptive » qui consiste en une incapacité à décrire pleinement une situation ou la subjectivité exprimant un indexical. Seule une entente phénoménologique du « Je » peut modifier cette conception en ce qu'elle induit la présence d'une subjectivité en chair et en os, un Nullpunkt irréductible à quelque réification que ce soit. Le langage phénoménologique, en plus de valoriser la part subjective du vécu (Ichrede), permet en outre de modifier notre conception ontique du sens des termes usités afin de décrire un état de chose d'un point de vue eidétique – la chose comme corrélat.En reprenant cette idée cardinale, nous avons par la suite tenté de résoudre l'énigme du Je d'un point de historique à partir d'une étude comparée entre la phénoménologie husserlienne et celle de ses disciples (Reinach, Ingarden, Sartre). À partir de là, nous étions en mesure d'appréhender le bienfondé des critiques apportées à l'égard du tournant transcendantal de la phénoménologie. Pourtant, ces critiques ne sauraient dépasser ni compromettre la pensée de Husserl en ce qu'elle déborde selon nous le cadre formel et stérile d'une binarité idéalisme-réalisme. Nous avons ainsi voulu mettre en exergue le renouvellement, dès le tournant génétique, de la phénoménologie à partir de ce que nous nommons le « naturalisme phénoménologique » de Husserl, en particulier en ce qui concerne le traitement qu'il a accordé aux sujets comme la naissance, la mort, l'anomalité et l'animalité. Ce faisant, nous avions tous les éléments pour démontrer que Husserl n'était idéaliste qu'en apparence et que son œuvre contenait les germes de l'entreprise naturaliste en développement depuis quelques dizaines d'années.Il fallut dès lors montrer les corrélations entre la phénoménologie « classique » et la naturalisation de la phénoménologie à travers une étude des textes contemporains présentés par des auteurs comme F.Varela, N.Depraz ou J-L Petit. Il nous apparut ainsi que la naturalisation en restait à l'état embryonnaire, mais qu'elle pouvait dans un avenir proche, grâce à des recherches sur l'agentivité, la dépression, ou sur la phénophysique, éclairer les sciences cognitives dans l'optique d'une étude cogénérative et fertile en ce qu'elle joint les perspectives à la première et la troisième personne. Or, il nous semble malgré tout que la naturalisation de la phénoménologie demeure davantage asubjective, au sens que donne Patocka, que pleinement phénoménologique. Nous concluons de la sorte en affirmant qu'il faut distinguer deux types de phénoménologie de même que deux types de naturalisation, tout en avançant qu'il serait judicieux de prendre également en considération le rôle du système nerveux entérique, en plus du cerveau, dans la caractérisation de la vie subjective.