Thèse soutenue

Conquérir la galère : géographie féministe postcoloniale de femmes sans-papiers venues d'Afrique subsaharienne et du Maghreb en région parisienne

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Auteur / Autrice : Joanne Le Bars
Direction : Claire HancockSerge Weber
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Géographie
Date : Soutenance le 13/06/2017
Etablissement(s) : Paris Est
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Ville, Transports et Territoires (Champs-sur-Marne, Seine-et-Marne ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Lab'Urba (Champs-sur-Marne, Seine-et-Marne)
Jury : Président / Présidente : Adelina Miranda
Examinateurs / Examinatrices : Claire Hancock, Serge Weber, Camille Schmoll
Rapporteurs / Rapporteuses : William Berthomière, Djemila Zeneidi-Henry

Résumé

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Cette thèse, ancrée dans les travaux des géographes féministes, postcoloniaux et sur les classes populaires, porte sur les trajectoires et appartenances de femmes sans-papiers parties seules, originaires d’Afrique subsaharienne et du Maghreb en région parisienne. Elle s’appuie sur une enquête ethnographique menée de fin 2009 à 2016 auprès de 52 femmes. Le premier mouvement de cette thèse s’intéresse, à partir d’une réflexivité attentive à la position de sexe, « race » et classe de l’apprentie ethnographe, aux formes et modalités de la conscience des dominant•e•s, ici celle d’une jeune femme blanche hétérosexuelle de la petite bourgeoisie provinciale et à son implication dans l’enquête. Le deuxième mouvement de cette thèse analyse les discours et pratiques de deux types d’accompagnatrices qui encadrent au quotidien les interlocutrices : les psychologues et assistantes de l’action et de l’urgence sociale. L’arrivée en France soumet les interlocutrices à une nouvelle géographie de l’intime : celle d’une retraduction de soi dans les catégories d’entendement dominant de la société d’accueil, autour de la psychologisation des difficultés sociales et des représentations postcoloniales de la condition des femmes « africaines » et « arabes ». Au regard de ces figures et d’une existence sans droits, comprendre comment ces femmes font face à ces contraintes constitue le troisième mouvement de cette thèse. La méthode ethnographique – permettant de restituer les conditions de possibilité des discours et pratiques des interlocutrices – et l’approche par trajectoire, appartenances et pratiques matérielles se sont révélées fécondes pour montrer les différenciations sociales entre ces femmes et leur positionnement pluriel sur différentes scènes (militante, résidentielle, du travail et du projet migratoire). De la matérialité des lieux aux pratiques spatiales en passant par l’appropriation de l’espace, de l’espace privé à l’espace public, de l’ancrage local à la mise en mobilité forcée dans les dispositifs du « 115 », du corps à la construction du chez-soi, au quartier, à la ville et aux frontières de la nation, l’approche géographique a permis d’affiner l’analyse