Thèse soutenue

La formation vocale de l’acteur : les dichotomies entre voix et corps, son et sens (1970-2010)

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Auteur / Autrice : Ana Wegner
Direction : Jean-François DusigneMaria Thais Lima Santos
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études Théâtrales
Date : Soutenance le 30/01/2017
Etablissement(s) : Paris 8
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Esthétique, sciences et technologie des arts (Saint-Denis, Seine-Saint-Denis)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Scènes et savoirs
Jury : Président / Présidente : Christophe Triau
Examinateurs / Examinatrices : Jean-François Dusigne, Maria Thais Lima Santos, Isabelle Moindrot
Rapporteurs / Rapporteuses : Guy Freixe

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Les innombrables articulations possibles entre les expressions de la voix et du corps ont traversé toute l’histoire du théâtre et constituent l’un des traits définissant les différentes esthétiques du jeu de l’acteur au fil du temps et des cultures. Or, à partir de la deuxième moitié du XXe siècle, cette problématique est ébranlée par les revendications de plus en plus effectives de l’hybridation des arts, de la valorisation du corps sur scène et d’un détachement du texte dramatique dans le théâtre occidental. Ce dernier aspect démultiplie aussi les possibilités d’agencement du son et du sens sur scène. Ainsi, le jeu de l’acteur, et plus précisément son travail vocal, se réinvente en cherchant de nouvelles manières d’articuler voix et corps, son et sens. Cette quête conduit à une idée d’indissociabilité, sous-entendue dans des termes formulés par des artistes, des formateurs et des chercheurs tels que « voixcorps », « corps vocal » et « vocalité ». Une telle revendication indique paradoxalement que voix et corps étaient perçus comme séparés. En même temps, la notion de « disembodied voice » (la voix désincarnée) devient de plus en plus centrale dans les arts de la scène, dévoilant une fascination pour la voix détachée de sa source charnelle, potentialisée par les nouvelles technologies. L’image d’une dichotomie comme séparation entre voix et corps recouvre ainsi plusieurs métaphores. Il en va de même pour l’idée de décomposer l’unité du son et du sens. Quelles sont les conséquences de ces métaphores dans la formation des acteurs ? Cette thèse porte sur la formation vocale de l’acteur à la lumière des tentatives de jonction et de mise en tension entre voix et corps, son et sens de 1970 à 2010. Il s’agit d’analyser les stratégies pédagogiques qui tentèrent de conjuguer voix et corps, son et sens, en s’appuyant sur un grand nombre de démarches de formation vocale de l’acteur, telles celles de Cicely Berry, Kristin Linklater, Zygmunt Molik, Francesca della Monica ainsi que sur le travail de direction d’acteurs de certains metteurs en scène pédagogues comme Maria Thaís, Anatoli Vassiliev et Antoine Vitez. Ainsi, « dichotomie » est ici comprise à la fois comme la division en deux que l’on sépare nettement et qu’on oppose mais aussi comme les ramifications d’un tronc commun qui bifurque donnant deux directions à une même racine (son sens botanique). Située dans l’entre-deux du corps et du langage, de la biologie et de la culture, du bruit et de l’articulation sensée, la voix a le pouvoir de relier ces catégories, pouvoir qui explique en partie la forte imbrication des dichotomies voix/corps et son/sens. Insister sur la corporéité de la voix dans le souci de relier l’acte de parler au corps peut avoir des impacts sur le rapport entre le son et le sens dans le travail vocal de l’acteur. Dans la même dynamique, les démarches d’interaction entre son et sens peuvent avoir une incidence sur la connexion entre voix et corps. Le rapport direct entre ces deux couples de dichotomies d’un point de vue pédagogique est le fond même de l’analyse que cette thèse souhaite mettre en lumière.