Thèse soutenue

Les Combats de Carnaval et Réformation. De l'instrumentalisation à l'interdiction du Carnaval dans les Eglises luthériennes du Saint-Empire au XVIe siècle
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Auteur / Autrice : Tiphaine Guillabert
Direction : Denis Crouzet
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire moderne et contemporaine
Date : Soutenance le 25/11/2017
Etablissement(s) : Paris 4 en cotutelle avec Université de Neuchâtel (Neuchâtel, Suisse)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Histoire moderne et contemporaine (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre Roland Mousnier (Paris)
Jury : Président / Présidente : Yves-Marie Bercé
Examinateurs / Examinatrices : Nicolas Le Roux, Christian Grosse, Olivier Christin, Naïma Ghermani, Carine Skupien Dekens

Résumé

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Le carnaval, symbole de la culture festive de l’Europe du Moyen Age, a aujourd’hui largement disparu. L’impact de la Réformation a souvent été questionné, sans être étudié : quel rôle Luther et les siens ont-ils joué dans cette évolution? Dans l’Empire, le carnaval est d’abord utilisé comme un instrument au service de l’entreprise de déstabilisation et de désacralisation de l’Église romaine. Dès 1520, Luther lui emprunte un langage bas, propice à la satire et cohérent avec le principe du sacerdoce universel. Les carnavals moquent l’Église comme un élément malsain de la société, et favorisent la révolution religieuse en présentant le retour à l’ordre comme celui de la réforme de l’Église folle. Pourtant, à mesure que la puissance de destitution du carnaval se révèle et que les clercs protestants se mettent à le définir comme la fête de la fausse Église, les Églises luthériennes basculent contre le carnaval. Dès lors, prédicateurs et réformateurs cherchent des solutions pastorales et liturgiques pour le supplanter. Théoriquement, ces efforts sont épaulés par l’action des autorités temporelles. Mais il faut du temps pour que celles-ci s’approprient leur charge, et surtout pour qu’elles considèrent le carnaval comme un élément nuisible à la société, à rebours des traditions de diplomatie et de cohésion civique qu’il assumait jusqu’alors. Ce combat contre carnaval, qui mène peu à peu à son interdiction par les Églises luthériennes, exprime le refus d’une culture profane préexistant à la Réformation. La lenteur et la difficulté à éradiquer le carnaval s’expliquent à la fois par son ancrage coutumier et son aspect protéiforme.