Thèse soutenue

Les utopies urbaines de Jules Adeline (1845-1909) ou l'uchronie comme outil de "réhabilitation" de la ville
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Auteur / Autrice : Stéphane Rioland
Direction : Yannick Marec
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 20/10/2017
Etablissement(s) : Normandie
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Normandie Humanités (Mont-Saint-Aignan, Seine-Maritime)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Groupe de recherche d'histoire (Mont-Saint-Aignan, Seine-Maritime ; 2004-....)
Etablissement de préparation de la thèse : Université de Rouen Normandie (1966-....)
Jury : Président / Présidente : Ségolène Le Men
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Philippe Garric, Alice Thomine-Berrada, Yvan Leclerc
Rapporteurs / Rapporteuses : Jean-Philippe Garric

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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À l’instant précis où l’Occident bascule du XIXe siècle au XXe siècle, Jules Adeline, architecte-illustrateur rouennais expérimente une nouvelle histoire de la ville de Rouen au travers de vingt perspectives aériennes de sa ville. Ces images à la fois maîtrisées et sensibles projettent Rouen dans un présent imaginé : Rouen tel qu’il aurait pu être. Pour aboutir à ses fins, il utilise une sorte de projection temporelle, l’uchronie (le « hors temps », du grec chronos : temps, précédé de la négation « ou »), et devient l’un des pionniers d’un genre nouveau, juxtaposant de possibles présents pour la cité de Rouen à la réalité. L’uchronie est alors en Europe une forme naissante de science-fiction mêlant l’histoire et l’utopie, dont le père est Charles Renouvier, philosophe et promoteur, sinon du genre, du moins de l’appellation. Bien loin des propositions d'Albert Robida, ou de Jules Verne, il analyse et suggère, sous une forme ludique, des aménagements alternatifs qui transforment des sites précis de sa ville dont il ne doit guère apprécier la réalité concrète. Il pressent la nécessaire conservation du patrimoine à des fins utiles de composition de l’espace urbain, mais avant tout comme support à l’indispensable développement de la ville. Il définit alors un pittoresque urbain dont l’objectif premier n’est pas de sauvegarder la moindre pierre, mais de préserver le parcours, la découverte et la surprise dans la pratique de la ville.Un siècle après le décès d’Adeline, il était important et urgent d’étudier les collections toujours accessibles, soit dans le domaine public soit en mains privées. Enfin, il paraissait nécessaire d’étudier comment Adeline est arrivé progressivement à la rédaction de son propre catalogue commenté : Le Logis et l’Oeuvre, sans lequel il serait vain d’essayer de démêler les multiples facettes de sa production. Si Adeline nous livre quelques bribes de sa vie dans Le Logis et l’Oeuvre, une compréhension plus chronologique de sa formation, de ses travaux et de ses influences, en particulier littéraire, avec Victor Hugo, Gustave Flaubert ou Champfleury, était nécessaire, afin de saisir l’évolution de cet architecte, illustrateur, aquafortiste, historien, japonisant, écrivain et vulgarisateur. La réalisation, quasiment finale dans l’oeuvre d’Adeline, du Rouen tel qu’il aurait pu être, est le résultat d’une sédimentation progressive d’études, de publications, de voyages, de passions, qu’il a intégrés totalement dans son uchronie rouennaise, mais aussi dans ses deux dernières séries utopiques : Rouen en fête et Paris, visions d’avenir lointain.