Thèse soutenue

Le parti conservateur britannique sous le leadership de Margaret Thatcher : le conservatisme vu de l’intérieur

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Auteur / Autrice : Manel Salem
Direction : Anne-Marie Motard
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études du monde anglophone
Date : Soutenance le 08/12/2017
Etablissement(s) : Montpellier 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale 58, Langues, Littératures, Cultures, Civilisations (Montpellier ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Etudes montpelliéraines du monde anglophone
Jury : Président / Présidente : Moya Jones
Examinateurs / Examinatrices : Marc Lenormand
Rapporteurs / Rapporteuses : Marc Smyrl

Résumé

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Cette thèse aborde le sujet du conservatisme britannique, notamment le conservatisme de1979 jusqu’à 1990, la période qui correspond aux mandats de Margaret Thatcher. Ce travail vise à démontrer que la continuité a été l’aspect déterminant du parti conservateur depuis les XVIIIe et XIXe siècles. Les valeurs premières du conservatisme ont continué à être appliquées avec l’avènement de Margaret Thatcher au pouvoir même si elle incarnait, pour beaucoup de gens, le changement. Ceci apparait dans les discours que Margaret Thatcher tenait quand elle était leader de l’opposition. Le changement était nécessaire selon elle car la société britannique était stagnante. En effet, Thatcher ne pouvait pas accepter ce qu’elle considérait comme étant une « société oisive ».Dès son jeune âge, elle avait appris que travailler dur était à la fois une responsabilité et un plaisir. Ce plaisir-là émane des principes d’indépendance et de persévérance auxquels elle a toujours cru très profondément. Dans ce sens, le changement signifie essentiellement la remise en question du consensus de l’après-guerre, conçu pour aider le pays et ses habitants à se reconstruire. Margaret Thatcher était déterminée à démanteler la social-démocratie keynésienne qui avait imprégné la politique britannique depuis la Seconde Guerre mondiale à cause des circonstances changeantes. L’originalité de sa politique réside dans l’abandon du consensus de l’après-guerre largement basé sur l’état providence et l’intervention de l’état ainsi que l’encouragement des membres de la société à être autonomes et indépendants en plus d’une économie forte et capable de s’autoréguler sans avoir besoin d’intervention de la part du gouvernement. La liberté, l’individualisme et l’autonomie sont les conséquences ultimes de la dérégulation. Ces valeurs étaient les valeurs premières du conservatisme et leur application durant les années quatre-vingt n’étaient que retour au vieux parti conservateur. La continuité du parti conservateur, qui a été interrompue par le keynésianisme du parti travailliste, a été alors rétablie. Pour prouver de cette continuité, un nombre de documents d’archives ont été étudiés au Churchill Archives Centre à Cambridge; des archives telles que les procès-verbaux des réunions du parti conservateur et les discussions qui se sont déroulées entre conservateurs. Par ailleurs, savoir comment les conservateurs eux-mêmes définissent le conservatisme britannique élucide la nature du conservatisme. Pendant longtemps, le parti conservateur a été considéré comme étant le parti monolithique par excellence. Mais le retour en force d’autres partis, comme le parti travailliste après la Seconde Guerre mondiale, a poussé les conservateurs à réfléchir davantage, à innover, à créer des thinks tanks et à ne plus avoir peur d’exprimer leurs opinions diverses. Désormais, ils ne craignent plus le changement, partant du principe que « les choses doivent changer pour qu’elles restent identiques » (The Leopard by Giuseppe Tomasi di Lampedusa). Une large partie de cette thèse porte sur la politique économique. La variable de la politique économique constitue peut-être le critère de réussite le plus visible notamment du fait qu’il est aisément quantifiable, et révèle que l’économie a toujours été une priorité chez les conservateurs. Selon Margaret Thatcher par exemple, le keynésianisme de l’après-guerre avait échoué et devait être abandonné. Pour Thatcher, le problème majeur à résoudre n’était pas le chômage mais l’inflation. La dichotomie entre continuité et changement sera analysée non seulement dans les discours publics de Margaret Thatcher mais aussi dans les discussions internes du parti conservateur. La pléthore de définitions et opinions pose également la question de l’héritage de la dame de fer, à travers son successeur John Major et des événements contemporains tels que le Brexit.