Thèse soutenue

Des âges au cinéma : la culture cinématographique des jeunes spectateurs

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Auteur / Autrice : Benoît Kastler
Direction : Jean-Pierre Esquenazi
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Cultures et Sociétés en Europe
Date : Soutenance le 08/12/2017
Etablissement(s) : Lyon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres, langues, linguistique, arts (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : établissement opérateur de soutenance : Université Jean Moulin (Lyon ; 1973-....)
Jury : Président / Présidente : Philippe Foray
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Pierre Esquenazi, Philippe Foray, Laurence Corroy, Pascale Garnier, Christine Détrez, Divina Frau-Meigs
Rapporteurs / Rapporteuses : Laurence Corroy, Pascale Garnier

Mots clés

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Résumé

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Ma thèse s’intitule « Des âges au cinéma : la culture cinématographique des jeunes spectateurs ». Elle se consacre à l’étude de la socialisation au septième art sous la perspective privilégiée de l’âge, variable déterminante, sans néanmoins réduire la recherche à une analyse uni-factorielle.Pour mieux comprendre l’action de la variable d’âge, nous la décomposons dans une première partie en traitant de notions connexes essentielles ; l’individu, la mémoire, les interrelations sociales, le temps et le corps. L’âge n’est plus entrevu au singulier : il laisse place à une pluralité d’âges que l’on décompose en quatre échelles distinctes : l’âge que j’ai, l’âge des autruis matérialisés, l’âge de société, l’âge des objets. Preuve est faite que tout acteur et a fortiori tout spectateur croise ces échelles au quotidien pour se construire et pour construire le monde qui l’entoure. De fait, les façons dont nous appréhendons l’art en sont un exemple flagrant. Par entrecroisements constants d’échelles mis au jour grâce aux jugements, positions, réflexions émises en situation, les âges, leur conception et leur prise en compte se révèlent comme formateurs particuliers de goûts. Dans l’absolu, ces échelles peuvent se lire comme espace virtuel déployant tous les possibles. Néanmoins et en situation, leur entrecroisement est lié à une construction individuelle et collective, toujours parcellaire, et le croisement des échelles qu’exercent chaque acteur selon la mesure qu’il en fait, aboutissent finalement à des positions, des dispositions et des postures spectatorielles.La seconde partie de ma thèse est alimentée de cet état de fait et se focalise sur les structures socio-politiques de la socialisation au septième art. Elle dresse en premier lieu une étude approfondie de la réception du cinéma d’animation qui est l’un des genres initiatiques principaux de l’enfance, cela depuis des décennies. Cette partie s’attache ensuite à suivre l’avancée en âge, les interrelations qui lui sont corrélatives et significatives dans la socialisation au cinéma. Elle rend également compte de la mémoire que l’on garde de sa prime enfance ainsi que de ce que ce passé implique dans la socialisation actuelle de la jeunesse. Vers 11-12 ans, le cinéma est marqué par l’encadrement d’une censure qui va decrescendo avec l’avancée en âge. Dès lors qu’on grandit, non seulement nous dépassons progressivement des seuils, étant ipso facto amené à découvrir de nouveaux genres, mais nous les appréhendons à travers de nouveaux cercles sociaux : sont donc abordés les changements de structures relationnelles qui participent de cette socialisation et leurs implications. En termes génériques, l’initiation aux scènes de volupté cinématographique et au cinéma d’horreur nous sont apparus comme deux moments décisifs, déployant sous les yeux de la jeunesse de nouvelles épreuves amenant conjointement à de nouvelles réflexions sur le social. S’ensuit les derniers chapitres de la thèse où j’expose, à l’aide de mes enquêtes, comment se construit le goût à travers le discours, quels sont les critères pertinents de mesure de la qualité cinématographique à cet âge, mais également comment le cinéma s’avère un laboratoire social, mieux : un des laboratoires de la construction de soi et du monde.Cette thèse s’appuie sur les données d’une enquête qualitative. Elle déploie des méthodes variées : entretiens individuels, ateliers collectifs en collège et dans des locaux associatifs regroupant au total une soixantaine d’informateurs issus de France, de Belgique, du Luxembourg, de Hollande, d’Allemagne et du Maghreb. Mes informateurs privilégiés ont d’abord été les jeunes, suivis de près par leurs parents. Cette recherche et la construction de ses axes sont le fruit d’un mouvement ascendant – proche en cela de la méthodologie par induction d’Howard Becker –, c’est-à-dire partant des informateurs pour remonter vers la construction de concepts grâce au traitement progressif des données recueillies.