La pluralité scientifique en action - le cas du LabEx IMU
Auteur / Autrice : | Romain Sauzet |
Direction : | Thierry Hoquet |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie - Etude des Systèmes |
Date : | Soutenance le 24/04/2017 |
Etablissement(s) : | Lyon |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de philosophie (Lyon ; Grenoble ; 2007-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Etablissement opérateur de soutenance : Université Jean Moulin (Lyon ; 1973-....) |
Jury : | Président / Présidente : Jean-Philippe Pierron |
Examinateurs / Examinatrices : Thierry Hoquet, Jean-Philippe Pierron, Anouk Barberousse, Stéphanie Ruphy, Olga Pombo, Jean-Yves Toussaint | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Anouk Barberousse, Stéphanie Ruphy |
Résumé
À partir d'une analyse de la science contemporaine comme état de pluralité scientifique, nous nous intéressons à la situation épistémologique particulière qu'est la mise en œuvre de cet état de pluralité, c'est-à-dire à la pluralité scientifique en action, sous la forme de projet de relations entre disciplines scientifiques distinctes. Nous définissons la relation disciplinaire comme une relation d'interaction volontaire entre différents chercheurs issus de disciplines et/ou de spécialités différentes, autour d'un problème commun, pour lequel leurs compétences épistémiques spécifiques sont requises. Dans ce but, nous associons une réflexion théorique à une d'un terrain propice : le LabEx IMU (Laboratoire d'Excellence de l'Intelligence des Mondes Urbains) et les projets scientifiques qui émergent en son sein, à partir de disciplines aussi distinctes que les sciences informatiques, l'archéologie, la biologie, sociologie, philosophie, etc. L'étude de pluralité scientifique en action veut également dire : telle que la pluralité scientifique est pratiquée. Notre objectif est de mobiliser les ressources philosophiques ( philosophie des sciences générale, pragmatisme, épistémologie sociale, philosophie empirique) pour rendre compte de la dimension proprement épistémique de ces projets, c'est-à-dire leur objectif de connaissance. Dans ce but, nous analysons le contexte de spécialisation disciplinaire dans lequel des situations d'interactions émergent, en considérant que bien que cette spécialisation soit le plus souvent justifiée épistémique, d'autres dynamiques scientifiques apparaissent comme nécessaires. Nous défendons la thèse suivante : ces interactions sont des réponses à la nécessaire tension à l'unité dans la science, tout en étant devant être considérées sur un plan épistémologique comme des tentatives de mise en ordre non théoriques, qui anticiperaient ce que la science qui devrait être. Pour préciser ce que sont les projets de relation disciplinaire, nous nous intéressons à la condition de la science qui les rend possible (division du travail scientifique ; communauté scientifique), ainsi qu'aux moyens d'instruire philosophiquement de telles situations, en mobilisant la notion d'enquête chez Peirce et Dewey, notamment dans le lien qu'elle permet entre sens commun et enquête scientifique. À l'encontre de plusieurs approches de l'interdisciplinarité, qui cherchent à définir un niveau d'interaction satisfaisant, nous proposons de rendre compte de la multiplicité des interactions épistémiques au sein de la science et de développer des moyens d'analyse susceptible de représenter ces situations. Dans ce but, nous revalorisons la place des disciplines, afin de justifier le fait que ces projets sont principalement la poursuite d'une science normale par d'autres moyens. Nous analysons également en quoi ces projets doivent être considérées comme une bonne manière de faire de la science, fondés en premier lieu par leur excellence épistémique. D'autres valorisation deviennent alors possibles : comme commensurabilité aux phénomènes, comme confrontation à des problèmes pratiques et comme maximisation de la culture et des valeurs scientifiques. En confrontant ces analyses à notre terrain d'étude, nous développons des catégories analytiques susceptibles de représenter les situations d'interactions, en proposant une typologie des relations disciplinaires ainsi qu'une étude plus globale des projets de relations disciplinaires en eux-mêmes. Nous terminons notre étude par l'analyse de différents projets du LabEx IMU, en leur appliquant les catégories de représentation précédemment développées.