Thèse soutenue

Entre ville, faubourg et campagne : prosopographie des conseillers municipaux (Lyon et communes fusionnées, 1830-1870)

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Auteur / Autrice : Justine Tentoni
Direction : Jean-Luc Mayaud
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 01/12/2017
Etablissement(s) : Lyon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences sociales (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Laboratoire d'études rurales (Lyon)
établissement opérateur d'inscription : Université Lumière (Lyon ; 1969-....)
Jury : Président / Présidente : Florence Bourillon
Examinateurs / Examinatrices : Sylvie Aprile, Jean-Claude Caron, Claude-Isabelle Brelot

Résumé

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La thèse se propose d’appréhender les compositions des conseils municipaux de Lyon et de ses trois faubourgs (jusqu’à leur rattachement à la ville en 1852) entre le début de la Monarchie de Juillet et la fin du Second Empire. La période, marquée à la fois par des transformations économiques et sociales importantes (industrialisation liée notamment à la Fabrique, apparition de nouvelles élites économiques) mais aussi par des bouleversements politiques (trois régimes et deux révolutions) est ainsi une époque privilégiée pour observer, par le prisme d’une institution locale, ces évolutions. A chaque changement de régime répondent des modifications électorales au niveau municipal. Les recherches suivent donc, grâce au recours à la méthode prosopographique, les itinéraires personnels, familiaux et publics des 575 personnalités qui siègent au sein des conseils municipaux de Lyon et/ou des faubourgs. Les sources, de nature variée (état civil, enregistrement, sources notariales, sources municipales, presse…), permettent de dresser un portrait type de cette l’élite locale au cœur du XIXème siècle. La spécificité du travail réside dans l’appréhension de ce groupe entre trois espaces interdépendants : la ville-centre (Lyon), les faubourgs (la Croix-Rousse, Vaise et la Guillotière) – espaces hybrides entre maintien de pratiques rurales et peuplement rapide d’une population ouvrière – et les campagnes (dessinant un plat pays lyonnais), dans lesquelles nombre de conseillers municipaux sont propriétaires et/ou exercent des responsabilités politiques ou publiques. La première partie de la thèse revient tout d’abord sur les bouleversements que connaît la période allant des Trois Glorieuses à la chute du Second Empire, notamment d’un point de vue électoral : on passe d’un conseil municipal nommé (1830-1831) à un conseil élu au suffrage censitaire (1831-1848) puis au suffrage universel (1848-1852) pour revenir enfin à un conseil nommé sous égide préfectorale sous le Second Empire (1852-1870). Il s’agit dès le départ de dresser un portrait global des conseillers municipaux et des conditions dans lesquelles ils sont désignés. Dans une deuxième partie, on s’attache à décrire plus amplement les membres du corpus – majoritaires – qui appartiennent aux élites locales traditionnelles. Les résultats montrent alors un groupe dont les comportements signent un conservatisme important : les itinéraires se construisent entre ville et campagne et les comportements en matière de fortune comme de stratégies familiales donnent à voir une élite locale dominante et qui se reproduit, l’étude réticulaire étant à ce titre significative. Cette bourgeoisie, où les élites classiques côtoient voire fusionnent avec les élites nouvelles, reste pour autant active dans des sphères de domination très localisées, autour du conseil municipal, des cercles et sociétés, mais ne dépasse que rarement le cadre lyonnais ou rhodanien. Enfin, dans une troisième partie, la thèse se propose d’interroger la question des renouvellements possibles dans ces espaces et temporalités mouvants : les questions d’une « descente de la politique vers les masses », (selon l’expression de M. Agulhon) ou encore d’une « révolution municipale » (décrite par J. George), qui seraient amorcées en 1831 et s’épanouiraient en 1848, sont ici réinterrogées. Par l’étude des conseillers municipaux de second plan et des figures plus populaires, siégeant majoritairement dans les faubourgs et/ou durant la parenthèse républicaine, on nuance l’idée d’institutions municipales immobiles. Mais à Lyon, face à la reprise en main rapide des pouvoirs centraux, on conclut finalement à l’échec du renouvellement municipal, même si l’apprentissage politique est réactivé rapidement après Sedan. En somme, les dix chapitres qui composent cette thèse – complétée par un volume d’annexes conséquent – interrogent le personnel politique local dans une période de transformations multiples, entre ville, faubourg et campagne.