Thèse soutenue

Négation et Diffraction de la volonté en éducation
FR  |  
EN
Accès à la thèse
Auteur / Autrice : Jean Praz
Direction : Alain Kerlan
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de l'éducation
Date : Soutenance le 27/04/2017
Etablissement(s) : Lyon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de l'éducation, psychologie, information et communication (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : établissement opérateur d'inscription : Université Lumière (Lyon ; 1969-....)
Laboratoire : ECP - Éducation, Cultures, Politiques (Lyon ; 2011-....)
Jury : Président / Présidente : Dominique Ottavi
Examinateurs / Examinatrices : Michel Fabre
Rapporteurs / Rapporteuses : Brigitte Frelat-Kahn

Résumé

FR  |  
EN

Entre 1880 et 1920, l’institution scolaire en France, les pédagogues et les professeurs de pédagogie, les enseignants dans leurs commentaires, les parents souvent inquiets en appellent à la volonté qui explique l’échec lorsqu’elle manque, qui galvanise les énergies si elle s’exerce et qui élève l’esprit quand elle est une ascèse. Au même moment, silencieusement parce que dans les marges de la communauté éducative, se forment les conditions même de la disparition de la volonté. L’Education nouvelle de congrès en congrès desserrera l’étau de cette volonté anémiante. Edouard Claparède invitera à dévolontariser la volonté. L’écho de Jean-Jacques Rousseau prônant l’épanouissement de l’enfance retrouvée légitimera cet effacement de la volonté. Et très vite de volonté il ne sera plus question. Comment expliquer cette contradiction entre cette omniprésence de la volonté et sa disparition ? Deux voies : l’une qui analysera la volonté même, l’autre qui décrira des pratiques éducatives où la volonté a joué un rôle ou celles d’où elle s’est retirée. L’enquête s’en tiendra au mot même de volonté dans ses composants sémantiques et dans l’histoire de sa traduction du grec ou du latin au français, puis au concept qui lui correspond : décomposition en traits, description de ses modalités et évaluation de sa teneur ontologique en dessinant la scène de toute action. Apparaîtront quatre dimensions de la volonté : effort, intention, décision et force, dimensions qui renverront aux vertus épistémiques, à la logique de l’action et à une conception de l’homme. Autrement dit, à quelle anthropologie la volonté comme force correspond-elle ? Et son éviction, quel sujet implique-t-elle ? D’autre part, si la volonté est intention et décision, ne relève-t-elle pas de la logique de l’action, comme son contraire l’acrasie ? Enfin, identifier volonté et effort, c’est redécouvrir les vertus épistémiques de la studiosité, de la curiosité, de l’attention, c’est dire ce qu’elles sont et comment les développer. Il est un dernier point qu’on ne saurait négliger : la volonté, ou du moins son contraire qu’est la paresse, met en jeu l’assise métaphysique de tout homme.Cette analyse sera corrélée, sinon à des pratiques éducatives puisque l’archive en est souvent absente, du moins à des théories ou à des comptes rendus de pratiques dans des genres littéraires le plus divers. D’abord, Célestin Freinet parce qu’il a critiqué la volonté comme instance morale, mais a gardé la notion d’effort s’appuyant peut-être sur le travail comme force d’émancipation, en tout cas comme émanation de la vie. Ensuite Piaget qui transforme la volonté en un contraire de la ligne de moindre résistance dans une conception évolutionniste, la naturalisant ainsi. Puis, Maine de Biran et Pestalozzi qui fondèrent une école presque ensemble, l’un faisant de l’effort le constituant premier de l’homme, l’autre hésitant entre l’épanouissement dévolontarisé et les nécessaires contraintes de toute action. Descartes aussi parce qu’il éduque la volonté conçue comme décision et qu’il la place au cœur de sa logique de sorte que l’homme se caractérise par la générosité qui est l’aptitude à poser des actes judicieux. Enfin, Dewey et Kilpatrick qui substitueront à la volonté l’intérêt s’opposant à l’éducation comme jeu et aux conceptions d’Herbart pour qui rien ne venait de l’élève et pour qui tout s’imposait de l’extérieur. Ce parcours s’achève par une mise en rapport de ces conceptions de la volonté et de certains traits d’anthropologie dans le but de dessiner une logique où le recours à la volonté correspond à un sujet vide et où l’effacement de la volonté suppose un sujet doté d’une intériorité qui ne demande qu’à s’exprimer. Puis, la fiction d’un compte rendu d’un congrès de philosophie de l’éducation permettra de reprendre les perspectives des uns et des autres et d’exprimer leur style de pensée. S'ouvrent alors les perspectives, dans une vision naturaliste, d'un sujet se constituant ....