Thèse soutenue

Ecritures secrètes, écritures magiques : imaginaire de la cryptographie dans la matière de Bretagne des XIIème et XIIIème siècles

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Auteur / Autrice : Laurence Doucet
Direction : Philippe Walter
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Lettres et arts spécialité recherches sur l'imaginaire
Date : Soutenance le 26/09/2017
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes (ComUE)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale langues, littératures et sciences humaines (Grenoble, Isère, France ; 1991-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire Arts et pratiques du texte, de l’image, de l’écran et de la scène (Grenoble, Isère, France ; 2015-....)
Jury : Président / Présidente : Christine Ferlampin-Acher
Examinateurs / Examinatrices : Claude Lecouteux
Rapporteurs / Rapporteuses : Corin Braga

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Le projet de recherche se propose d’explorer le rapport particulier entre « l’écrire » et la magie en se plaçant au plus près de la matérialité de l’écriture : avec quoi et sur quoi écrit-on ? Les romans antiques et les aventures du roi Arthur et des chevaliers de la Table Ronde, des XIIème et XIIIème siècles, œuvres qui constituent notre corpus*, font état de parchemins, de « lettres », de tissus ou vêtements, de peaux d’animaux ou humaine, de supports végétaux, de pierres tombales, d’armes sur lesquels on écrit, parfois avec deux ou trois couleurs, avec différents « instruments » : plumes d’oiseau (avec des encres), stylets pointus par exemple. De manière atypique, des substrats éphémères comme la farine, la cendre, la neige apparaissent ; le sang des hommes (ou des animaux), souvent, y laisse des traces, des signes. Les messages ainsi écrits ne sont pas toujours fondés sur l’alphabet (par exemple dans le Lai du Chèvrefeuille). Le support et la forme de ces écritures ont un sens particulier et confèrent une valeur magique aux messages laissés, par les personnages, hommes ou femmes, magiciens ou initiés. L’imaginaire de l’écrire est différent de celui de l’écriture: il repose sur le support, sa matérialité et sera la piste à privilégier dans notre enquête. Nous nous poserons donc la question de l’intentionnalité des signes dans ces messages, en fonction du choix du support, quel qu’il soit. Les œuvres de notre corpus ont été écrites dans une période qui connaît l’immense développement, en langue vernaculaire, de la littérature médiévale ; elle a un lien très fort avec l’oralité et le folklore. Notre enquête accordera une importance particulière aux traditions populaires, au folklore, aux croyances magiques ; les contes, les légendes, les textes hagiographiques ainsi que des textes à valeurs non littéraires seront considérés pour comprendre la part de l’imaginaire dans l’acte d’écrire, en prenant en compte, le cas échéant, des récits d’autres aires culturelles, extra-européennes et en réfléchissant sur la dimension anthropologique de l’acte d’écrire. De même, les noms (des personnes, des lieux) ainsi que les dates seront considérés avec attention. Le concept d’«écriture magique » sera défini et cerné : qu’envisageons-nous dans cette magie qui peut être liée aux supports, aux signes, à la langue utilisée pour rédiger le message, et à la personne qui écrit ? Il s’agira donc de donner un sens au mot « magie » en se fondant sur l’étymologie, sa relation au sacré, à la religion, à la sorcellerie. Nous nous appuierons dans cette recherche sur ce qui est connu des supports cités dans le corpus, en nous fondant sur le relevé des occurrences des termes décrivant l’acte d’écrire, et leur étymologie. Cette magie a une incidence sur l’imaginaire qui n’est pas un simple état de fait. Les œuvres de notre corpus gardent des traces de mythes anciens sur l’apparition de l’écriture (sans la confondre avec le dessin ou la peinture), de ses pouvoirs, de sa relation à la magie et au sacré. Ces mythes évoluent, coexistent avec la vision chrétienne mais ne meurent pas. Ils seront ainsi parties prenantes de notre recherche pour questionner les différents imaginaires de la cryptographie. * Corpus : - Les romans antiques o Le roman d’Eneas o Le roman de Thèbes o Le roman de Troie o Le roman d’Alexandre - La matière arthurienne o Chrétien de Troyes (Bibliothèque de la Pléiade) o Les poèmes tristaniens français, Le lai du Chèvrefeuille (et des références possibles à d’autres lais de Marie de France) o Continuations de Perceval o Le livre du Graal (Bibliothèque de la Pléiade) ; Le Livre du Graal I : Joseph d'Arimathie ; Merlin ; Les premiers faits du roi Arthur, ; Le Livre du Graal. II, Lancelot : de ''La Marche de Gaule'' à ''La première partie de la quête de Lancelot'', ; Le Livre du Graal. III Lancelot : la seconde partie de la quête de Lancelot. La Quête du saint Graal. La Mort du roi Arthur