Thèse soutenue

Faire un marché à partir d'un État-providence : perspectives des politiciens locaux suédois sur la commercialisation des soins aux personnes âgées

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Auteur / Autrice : Ming Guo
Direction : Patrice Bourdelais
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Santé, populations et politiques sociales
Date : Soutenance le 24/11/2017
Etablissement(s) : Paris, EHESS en cotutelle avec Université de Linköping (Suède)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Jury : Président / Présidente : Bo Persson
Examinateurs / Examinatrices : Bo Persson, Laurinda Abreu, David Karlsson, Maria Oskarson, Sam Willner

Résumé

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Les réformes du marché ont notamment été mises en œuvre comme une solution pour améliorer la qualité des services publics et l'efficacité depuis les années 1990. Face à l'augmentation des besoins de soins et afin de maintenir les coûts de soins à un niveau raisonnable, la Suède a également introduit la marchéisation dans le domaine des soins aux personnes âgées depuis 1992. Pourtant, l'introduction d'un mécanisme de marché dans l'État-providence fait l’objet des débats politiques et publics de plus en plus nombreux. Beaucoup sont sceptiques quant aux avantages supposés d'un marché, en termes par exemple d'amélioration de la qualité et de réduction des coûts, tels que proposées par « New Public Management ». Il y a eu également des critiques croissantes sur la rentabilité dans les services de soins ces dernières années.Après deux décennies de marchéisation, il nous paraît nécessaire de recenser les attitudes des politiciens locaux, à savoir comment ils perçoivent le rôle d'un marché ou d'un quasi-marché dans un État providence où le mécanisme du marché pourrait remettre en cause des principes traditionnels tels que l'universalisme, la solidarité et l’égalité. En dehors des études des attitudes sur le bien-être public déjà existantes, cette recherche se base aussi sur un ensemble de données d'enquête uniques construit depuis 2014 et permettra ainsi une compréhension plus profonde et actuelle sur les perspectives de marchéisation chez les politiciens.Précisément, cette étude analyse trois aspects différents de la marchéisation : la production, la réglementation et le financement. Les résultats montrent que les différences d'attitudes sont évidentes entre les politiciens de gauche et de droite à l’égard des prestataires privés à but lucratif. Les orientations politiques des individus, la majorité politique dans les municipalités et le niveau de privatisation déjà atteint localement sont repérés comme des facteurs importants qui expliquent la volonté des politiciens locaux de privatiser davantage ou non. Les différences de préférences continuent à exister entre les deux blocs, et l'idéologie politique joue un rôle majeur dans l'explication de ces différences, plus que des facteurs individuels tels que l'âge, le sexe ou la position de travail. Les réponses autodéclarées révèlent que l'idéologie politique influence la formation des attitudes.Dans une large mesure, les politiciens de gauche et de droite s'accordent sur les principes de bien-être public tels que l'universalisme et tous les deux reconnaissent les impacts potentiels que le marché pourrait avoir sur la société, dont la question de l'inégalité. Il semble plausible que le pluralisme de l'État-providence soit la direction de l'avenir.Cette étude de cas constitue un exemple solide pour examiner le développement du marché du bien-être public dans les États-providence avancés et contribue également à la discussion du rôle potentiel de l'idéologie politique dans les réformes post-austérité sur le bien-être public.