Thèse soutenue

Pierre Monbeig et la formation de la géographie brésilienne : une science dans le contexte du capitalisme tardif (1925-1957). Érosion des valeurs littéraires, tentation de l’action et systématisation de la méthode
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Auteur / Autrice : Larissa Alves de Lira
Direction : Marie-Vic Ozouf-MarignierManoel Fernandes de Sousa Neto
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Géographie
Date : Soutenance le 30/01/2017
Etablissement(s) : Paris, EHESS en cotutelle avec Universidade de São Paulo (Brésil)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Jury : Président / Présidente : Hervé Théry
Examinateurs / Examinatrices : Heliana Angotti Salgueiro, Fabio Betioli Contel, Marie-Claire Robic

Résumé

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Cette thèse a pour objectif d’analyser l’émergence d’une école brésilienne de Géographie, dont les bases ont été posées par le géographe français Pierre Monbeig. Ses années de formation à la Sorbonne, les années vécues au Brésil, jusqu’aux années où il a publié ses principales contributions sur ce pays (1925-1957), délimitent la période du processus de formation de la géographie brésilienne sous sa direction, vue comme un parcours à la fois matériel et symbolique. Une géohistoire des savoirs, qui prend pour axes d’analyse les sphères des lenteurs, de la circulation et des ruptures, est la méthode qui a été employée pour appréhender une trajectoire touchée par les mouvements profonds de la constitution des sciences, ainsi que les conjonctures qui éclipsent les tendances de la première moitié du XXème siècle. Ces mouvements de longue durée sont l’érosion des valeurs littéraires qui ont dominé les sciences françaises à la fin du XIXème siècle ; la tentation de l’action et de l’engagement qui mobilisent de plus en plus les sciences ; et une progressive explicitation des méthodes scientifiques. Face à la conjoncture et aux déterminismes spécifiques au Brésil, à la formation de l’État national, à la crise des oligarchies et à l’avancée du capitalisme tardif, les réponses sont singulières, et les transformations que la géographie de Pierre Monbeig va subir dans cet espace sont à la fois institutionnelles, théoriques et temporellement spécifiques. Ainsi, Monbeig élabore des raisonnements qui sont influencés par la compréhension des processus géographiques de la modernisation, par la logique spatiale de sous-développement des territoires, et indirectement par une théorie géographique adaptée aux conditions du capitalisme brésilien que nous appelons géohistoire du capitalisme périphérique. Enfin, il faudra souligner que de telles contributions épistémologiques, si elles ne se sont pas annoncées comme en rupture avec les héritages de la géographie française constituent un apport pour les sciences humaines à partir la géographie développée au Brésil, apport peu reconnu dans les débats historiographiques.