Thèse soutenue

Salaire minimum, inégalités salariales et croissance économique : le cas des Départements Français d’Amérique

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Auteur / Autrice : Chantal Boula-Luap
Direction : Elina Dévoué
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences économiques
Date : Soutenance le 30/06/2017
Etablissement(s) : Antilles
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Milieu insulaire tropical à risques : protection, valorisation , santé et développement (Pointe-à-Pitre)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Victoria Barham, Elsa Corbin, Gérard Forgeot, Louis Hotte
Rapporteurs / Rapporteuses : Victoria Barham

Résumé

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Ce travail constitué de trois chapitres cherche à analyser l’impact du salaire minimum sur l’économie des départements français d’Amérique en se limitant aux effets sur la distribution des revenus et la croissance économique.Dans le premier chapitre, l’accent est mis sur les inégalités salariales telles qu’elles existent aux Antilles-Guyane, en comparaison avec la situation en France métropolitaine. Les inégalités de revenus restent fortes entre les catégories socioprofessionnelles dans les DFA. Le salaire moyen de l’ensemble des salariés de France métropolitaine est supérieur à celui des DFA.Le second chapitre présente tout d’abord les aspects historiques et réglementaires qui caractérisent le salaire minimum français et celui d’autres pays d’Europe. Le SMIC se classe en quatrième position parmi les salaires minimum les plus élevés d’Europe, et la France, le pays développé comptant la plus forte proportion de salariés au SMIC. Dans les Départements Français d’Amérique, les salariés payés au SMIC, bien plus nombreux en proportion qu’au niveau national, sont le plus souvent des femmes, des jeunes, des personnes peu qualifiées occupant un emploi à temps partiel dans les secteurs des services et du commerce. Il met également en évidence les effets du salaire minimum et de ses revalorisations sur la formation des salaires et le coût du travail. Les effets de diffusion du SMIC sont faibles et temporaires, variant de 0,1 à 0,2% tant en approche macroéconomique que microéconomique. Les hausses du SMIC entraînent une augmentation du coût du travail pour partie compensée par les allègements de charges octroyés aux entreprises.Le troisième chapitre contribue à la mise en lumière des interactions entre le salaire minimum, la croissance économique et la pauvreté dans la société Antillo-guyanaise. Il s’avère que le dynamisme de l’économie insulaire est loin d’avoir gommé tous les écarts de niveau de vie entre les DFA et la France métropolitaine, malgré l’alignement du salaire minimum et des prestations diverses. La simulation sur les données de l’enquête Budget de famille 2006 montre que la proportion de salariés au SMIC est faible dans le bas de l’échelle des revenus. Ces salariés sont répartis sur l’ensemble de l’échelle des niveaux de vie. Le SMIC occupe une place relativement importante dans le revenu disponible des ménages, y compris dans le haut de l’échelle des revenus.En conclusion, le niveau élevé du salaire minimum dans les départements français d’Amérique conduit au maintien d’un grand nombre de salariés payés au voisinage du SMIC. En dépit des allègements de cotisations sociales abaissant le coût du SMIC, les départements d’outre-mer demeurent des régions fortement touchées par le chômage et la pauvreté. De plus, les inégalités salariales se sont accrues entre les individus les plus modestes et les plus aisés de ces régions. La montée du chômage est un facteur aggravant de cet accroissement des inégalités. Si en effet, les résultats de notre étude permettent d’affirmer que le SMIC n’est pas le meilleur instrument pour lutter contre les inégalités salariales et la pauvreté, ils soulèvent en même temps la question d’un SMIC DOM en lien avec les conditions et capacités réelles des économies ultramarines.