Thèse soutenue

Détection et caractérisation moléculaire des rétrovirus d'origine simienne chez l'Homme : cas du virus foamy et du virus T-lymphotrope de type 4

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Auteur / Autrice : Léa Richard
Direction : Antoine Gessain
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de la vie et de la santé. Microbiologie, option Virologie
Date : Soutenance le 22/09/2016
Etablissement(s) : Sorbonne Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Bio Sorbonne Paris Cité (Paris ; 2014-....)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Unité de Virologie moléculaire et Vaccinologie (Paris)
établissement de préparation : Université Paris Diderot - Paris 7 (1970-2019)
Jury : Président / Présidente : Sylvie Van der Werf
Examinateurs / Examinatrices : Ali Saïb, Olivier Schwartz, Renaud Mahieux
Rapporteurs / Rapporteuses : Uriel Hazan, Martine Peeters

Résumé

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Les primates non-humains (PNH) sont un important réservoir de pathogènes et notamment de rétrovirus. Plusieurs agents infectieux ont émergé dans la population humaine à partir de ce réservoir animal, comme par exemple le virus de l’immunodéficience humaine ou le virus T lymphotrope humain (HTLV) de type 1 qui se sont répandus mondialement et causent de graves pathologies. L’émergence de rétrovirus chez l’Homme nécessite plusieurs étapes passant par la transmission primaire du virus du PNH à l’Homme, la persistance du virus dans l’organisme,la transmission secondaire inter-humaine et enfin sa diffusion dans la population. Mes deux projets de thèse ont porté sur l’étude de deux rétrovirus qui ont un potentiel d’émergence chez l’Homme, le virus foamy simien (SFV) et le virus T-lymphotrope de type 4, dans des cohortes d’individus à risque vivant au Cameroun et au Gabon. Les SFV sont des rétrovirus ubiquitaires chez de nombreux PNH. Plus d’une centaine de cas d’infection d’humains par des SFV ont été observés à ce jour, l’origine étant un contact(principalement par morsure) avec un PNH. L’infection est chronique et semble asymptomatique.De plus, aucune transmission secondaire n’a été détectée à ce jour. Le laboratoire a pu isoler, chez deux individus camerounais, deux souches de SFV de gorille et a constaté une forte variabilité génétique au niveau du gène d’enveloppe. Nous avons donc étudié la variabilité du gène d’enveloppe de SFV de gorille mais également de chimpanzé infectant une soixantaine de chasseurs camerounais et gabonais et une trentaine de PNH. Nous avons pu mettre en évidence la co-circulation de souches de SFV présentant des variants moléculaires du gène d’enveloppe différents chez les gorilles et les chimpanzés. Ces mêmes souches peuvent être transmises à l’Homme à l’occasion de morsures, les deux variants pouvant être transmis simultanément. Ces variants diffèrent au niveau d’une région de 753 pb située dans la région codant la glycoprotéine de surface, au niveau du domaine de liaison au récepteur. Ils pourraient ainsi avoir des propriétés fonctionnelles différentes, notamment au niveau de l’élicitation de la réponse immunitaire de l’hôte. Ces variants sont potentiellement issus d’événements de recombinaison.HTLV-4 a été détecté chez un unique individu, un chasseur camerounais, aujourd’hui décédé.En 2014, le réservoir simien a été identifié comme étant les gorilles. Nous avons recherché la présence de HTLV-4 chez 300 individus camerounais et gabonais qui avaient été mordus par un PNH. Nous avons identifié deux chasseurs gabonais infectés par HTLV-4, qui avaient été mordus par des gorilles 9 à 15 ans avant d’être prélevés. Nous confirmons donc la présence de HTLV-4 infectant de manière persistante des humains et étendons sa répartition au Gabon. Nous suggérons très fortement une origine zoonotique de ces infections. L’une des souches isolées est divergente par rapport aux souches déjà connues et permet donc de définir le sous-type B deHTLV-4.Ces travaux confortent la notion que les PNH, et notamment les gorilles, sont une source importante d’agents infectieux pour l’Homme. Des études supplémentaires seront nécessaires pour mieux caractériser l’infection chez l’Homme et notamment l’éventuelle pathogénicité et transmissibilité de ces deux virus.