Thèse soutenue

L'inter-régionalisme euro-asiatique face aux défis globaux : le rôle du dialogue interculturel et de l'éducation

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Auteur / Autrice : Simona Picciau
Direction : Alain Forest
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire et civilisations
Date : Soutenance en 2016
Etablissement(s) : Sorbonne Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Economies, espaces, sociétés, civilisations : pensée critique, politique et pratiques sociales (Paris2000-2019)
Partenaire(s) de recherche : autre partenaire : Université Paris Diderot - Paris 7 (1970-2019)

Résumé

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Le phénomène de la globalisation est en train de modifier de façon significative les relations internationales, tant au niveau des Etats qu'au niveau des acteurs non-étatiques. Parmi les conséquences les plus évidentes qui se sont produites, on peut distinguer : une nouvelle distribution du pouvoir mondial entre différents pôles, l'apparition de nouvelles puissances dites « émergentes » (un grand nombre d'entre elles situées sur le continent asiatique) qui demandent à participer à la gestion des affaires globales et, enfui, une interdépendance chaque jour plus forte entre tous les acteurs mondiaux, ce qui les a amené à établir de nouvelles formes de coopération formelles et informelles. Le régionalisme et l'inter-régionalisme (qui se sont développés à partir de la deuxième partie du XXème siècle) représentent des tentatives de coopération plus étroite entre les Etats qui espèrent ainsi améliorer leurs relations ou en établir de nouvelles, tant aux niveaux politique et économique que social et culturel. Cette thèse porte sur l'analyse des relations inter-régionales entre l'Union Européenne (UE) et l'« Asie orientale » : ce dernier terme désignant la région qui comprend le Sud-Est asiatique (les pays de l'ASEAN) et le Nord-Est (la Chine, le Japon et la Corée du Sud), ensemble qui forme ce qu'on appelle l'« ASEAN+3 », soit l'association régionale de l'ASEAN, de la Chine, du Japon et de la Corée du Sud. Ces relations seront étudiées dans le cadre du dialogue UE/ASEAN+3 développé depuis les années 1970 et plus particulièrement dans le cadre de 1'ASEM (Asia-Europe Meeting), plateforme informelle créée en 1996 par 28 pays, mais qui engage actuellement 54 pays. Bien que notre analyse ait été développée dans le cadre d'une approche multidisciplinaire (car une investigation fondée sur cette approche s'est révélée méthodologiquement fondamentale pour la compréhension des phénomènes analysés), elle s'est surtout focalisée sur la coopération inter-régionale dans les domaines de la culture et de l'éducation qui sont particulièrement importants : en effet, ils constituent deux instruments nécessaires au renforcement de la connaissance et de la confiance réciproque, seules bases sur lesquelles peuvent bâtir des relations solides et fonctionnelles. La structure de notre étude se compose de trois approches complémentaires (une approche théorique, une approche institutionnelle et une approche plus « pratique ») qui nous ont permis d'aborder la question avec de nouvelles perspectives. L'étude comparée des deux processus d'intégration régionale qui ont construit l'UE et l'ASEAN+3, nous a permis de mettre en lumière à quel point ils sont différents. Parallèlement, l'analyse du développement des relations entre les deux régions nous a amené à mieux comprendre l'état de ces relations (leurs moteurs, leurs résultats, leurs enjeux futurs. . . ) et à clairement identifier certains éléments qui les empêchent d'être réellement efficaces et fonctionnelles. Dans le cas de l'UE, par exemple, nous avons constaté que ce sont les intérêts personnels de ses Etats membres (dictés par leur agenda national) qui prévalent le plus souvent. . . Et ce, au détriment d'une stratégie régionale bien organisée envers l'Asie, devenue pourtant une région cruciale pour les enjeux mondiaux. L'analyse de la coopération dans les champs de la culture et de l'éducation a été abordée au niveau institutionnel par l'examen des principaux documents, sommets et rencontres des leaders politiques et des ministres compétents, ce qui nous a permis une compréhension du développement politique des relations entre l'UE et l'ASEAN+3. L'analyse de ces relations au niveau pratique a été développée grâce à un travail centré sur l'identification : 1) des principales organisations dédiées à la coopération dans ces deux champs 2) des programmes mis en place dans le cadre inter-régional 3) de l'engagement des Etats, tant européens qu'asiatiques. L'examen de certaines études de cas (concernant la coopération entre musées, entre organismes cinématographiques et entre universités sur le plan des échanges d'étudiants ou de professeurs) nous à fourni les éléments fondamentaux qui permettent de mieux comprendre les causes des bons résultats acquis comme celles des difficultés et des enjeux futurs auxquels la coopération inter-régionale est destinée à faire face. Cette analyse a été accompagnée par la prise en compte de certaines dynamiques qui intéressent les relations inter-régionales : tout d'abord le pouvoir du sofa power (pouvoir doux) qui est devenu un instrument de politique étrangère significatif des puissances asiatiques (le phénomène apparaît particulièrement évident en Chine et en Corée du Sud), ensuite, le basculement du pouvoir normatif de l'UE (c'est à dire sa tentative de répandre ses valeurs considérées comme universelles afin de les faire accepter comme « normales » dans les relations internationales) face à des défis qui sont principalement la montée de l'importance accordée au soft power dans les pays asiatiques et la crise économique, politique et identitaire qui affecte le continent européen. Un autre élément que nous avons pris en considération est le rôle que les acteurs non—étatiques sont en train de jouer et leur contribution concrète à un approfondissement de la connaissance entre les peuples d'Asie et d'Europe. Ce travail vise, en premier lieu, à mettre en lumière les aspects les moins étudiés des relations inter-régionales euro-asiatiques, mais aussi à identifier les avancées et les blocages qui empêchent les deux continents de devenir des partenaires stratégiques fonctionnels capables d'apporter des solutions concrètes et partagées au bénéfice de leurs relations, tout en apportant leur contribution à la recherche d'un consensus global sur les grandes problématiques mondiales. . . Dont la résolution est devenue plus qu'urgente pour le bien-être de l'humanité entière.