Thèse soutenue

Le Lago Grande de Curuai : histoire foncière, usages de la terre et relations de pouvoir dans une zone de transition entre terre ferme et plaines d’inondation en Amazonie

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Auteur / Autrice : Ricardo Theophilo Folhes
Direction : François-Michel Le TourneauRoberto Araújo Oliveira Santos Junior
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Géographie et aménagement urbain
Date : Soutenance le 07/12/2016
Etablissement(s) : Sorbonne Paris Cité en cotutelle avec Universidade federal do Pará
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Europe latine et Amérique latine (Paris ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation : Université de la Sorbonne Nouvelle (Paris ; 1970-....)
Laboratoire : Centre de recherche et de documentation sur les Amériques
Institut de recherche : Museu paraense Emílio Goeldi (Belém, Brésil)
Jury : Président / Présidente : Philippe Léna
Examinateurs / Examinatrices : François-Michel Le Tourneau, Roberto Araújo Oliveira Santos Junior, Philippe Léna, Ima Célia Guimaraes Viera, Peter Mann de Toledo, Eduardo S. Brondízio

Résumé

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L’objectif de cette recherche est de comprendre comment des facteurs d’ordre social et environnemental ont influencé, en Amazonie brésilienne, le peuplement, l’appropriation et l’usage conjugué des ressouces naturelles, dans une région de transition entre des écosystèmes de plaines d’inondation et de terre ferme. L’approche adoptée est historique et ethnographique, afin d’examiner comment les relations de pouvoir et les pratiques sociales sont articulées au régime hydraulique de crues et d’étiages. Le lieu de l’étude est la région du Lago Grande do Curuai, dans la commune de Santarém (État du Pará), au croisement des communes d’Óbidos et Juruti. Je me suis interrogé sur de possibles continuités et ruptures entre les relations de pouvoir actuelles et celles de l’époque coloniale – relations qui influencent la circulation des hommes entre ces deux écosystèmes. Je conclue que les plaines d’inondation (várzeas) sont, aujourd’hui encore, contrôlées par des segments sociaux issus de l’élite locale, formés de propriétaires terriens et d’éleveurs de bovins. Ceux-ci ont construit leur pouvoir pendant la colonie portugaise et ont graditativement impulsé un mouvement vers des terres situées de plus en plus loin dans la terre ferme, avançant sur la forêt. Depuis 1950, l’élevage est la principale activité économique à l’origine de cette expansion, au moyen des pratiques liées à la transhumance du bétail. Parmi les facteurs qui induisent la circulation saisonnière entre la várzea et la terre ferme, la transhumance a reçu une attention particulière dans ce travail. Initialement réservée aux grands fazendeiros, cette pratique s’est popularisée dès les années 1970 parmi les différents profiles d’éleveurs, avec une intensification dans les années 1990. L’élevage repose sur trois pratiques locales qui favorisent la transumance : les « sociétés », les « permissions » et les locations de terrain (arrendamentos). Leur analyse conjointe m’a permis de montrer que les « sociétés » entre grands et petits éleveurs sont à l’origine de l’expansion de l’élevage. Cette activité va bien au-delà d’un « livret d’épargne » ; elle confère du prestige et une opportunité d’accéder régulièrement aux plaines d’inondation. Lors de la création, en 2005, d’un projet d’établissement agro-extractiviste – le PAE Lago Grande – afin de régulariser l’occupation foncière des populations régionales, seuls les terrains de terre ferme ont été intégrés dans la nouvelle unité territoriale. Ceux de várzea en ont été exclus. Les données disponibles permettent de montrer qu’au fond, la structure foncière n’a pas été modifiée. Dès lors, les relations de pouvoir historiquement inscrites dans ce paysage restent relativement inchangées. Enfin, la circulation des populations régionales entre ces deux écosystèmes ainsi que les pratiques de transhumance n’ont pas été prises en compte lors de la mise en œuvre des politiques de gestion territoriale en Amazonie.