Thèse soutenue

Protéger l'environnement mais à quel “prix” ? : Analyse communicationnelle de l'activité des associations environnementales auprès de l'Union européenne : cas d'étude, la révision du règlement (CE) N°842/2006 relatif à certains gaz à effet de serre fluorés

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Auteur / Autrice : Adrien Jahier
Direction : Marie-Gabrielle Suraud
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de l'information et de la communication
Date : Soutenance le 28/10/2016
Etablissement(s) : Toulouse 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Arts, Lettres, Langues, Philosophie, Communication (Toulouse)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Lucile Desmoulins, Benoit Lafon
Rapporteurs / Rapporteuses : Pieter Leroy, Caroline Ollivier-Yaniv

Résumé

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Ce travail de recherche s'intéresse à l'activité des associations environnementales auprès de l'Union européenne autour de l'atténuation du changement climatique. Par rapport à une littérature essentiellement issue de la science politique et de la sociologie qui traite du " lobbying ", la présente thèse se démarque par une approche explicitement communicationnelle, dans un prolongement habermassien, à travers l'entrée conceptuelle d' " activité communicationnelle stratégique ". Plus exactement, elle pose la question suivante : est-ce que cette activité communicationnelle stratégique des associations environnementales auprès de l'Union européenne n'a pas tendance à affaiblir la protection environnementale qu'elles défendent ? Le cas d'étude concerne la révision du Règlement N°842/2006 sur l'utilisation des gaz fluorés à effet de serre. Ces gaz d'origine synthétique, largement utilisés dans le secteur de la réfrigération et de la climatisation, ont un impact grandissant sur le changement climatique. Dans ce dossier européen des gaz fluorés, un petit groupe d'associations environnementales s'est retrouvé de 2010 à 2014 face à une industrie divisée entre une frange prépondérante définie comme " conservatrice ", qui souhaite maintenir les conditions de production des gaz fluorés, et une autre, qualifiée d' " alternative ", proposant des technologies alternatives à ces " gaz F ". Dans le cadre de leur activité communicationnelle stratégique, les associations environnementales ont établi des relations étroites avec les entreprises de l'industrie alternative, qui sont qualifiées de " coordination " ; le but étant de contrer l'industrie conservatrice et de mieux peser sur les différentes institutions européennes. Les résultats de recherche de ce travail doctoral sont les suivants : le rapport des associations au pouvoir de l'Union européenne est ambivalent car les consultations pilotées par la Commission européenne jouent, dans un premier temps, le rôle de déclencheur de la dynamique civique anti-gaz fluorés puis renforcent son activité civique et la protection environnementale qu'elle défend ; dans un second temps, cette institution jouera un rôle modérateur dans l'ambition environnementale des associations : ces dernières s'adapteront à son positionnement. Plus généralement, les associations environnementales se retrouvent " piégées " par les coordinations qu'elles mettent en place avec l'industrie alternative puisqu'elles défendent un argumentaire commun faisant la promotion des technologies alternatives aux gaz F : le recours à la technique et à la croissance économique, associées à ces technologies alternatives et aux secteurs qui les utilisent, constitue une impasse pour les associations environnementales et affaiblit la protection environnementale qu'elles défendent.