Thèse soutenue

Accessoires. L'invisibilisation des femmes dans les procédures pénales en matière de stupéfiants.

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Kathia Barbier
Direction : Fabien Jobard
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie, démographie
Date : Soutenance le 06/12/2016
Etablissement(s) : Université Paris-Saclay (ComUE)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de l'Homme et de la société (Sceaux, Hauts-de-Seine ; 2015-2020)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (Guyancourt, Yvelines ; 1983-....) - Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (Guyancourt, Yvelines ; 1983-....)
établissement opérateur d'inscription : Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines (1991-....)
Jury : Président / Présidente : Michel Kokoreff
Examinateurs / Examinatrices : Fabien Jobard, Aurélie Mathilde Darley, Coline Cardi
Rapporteurs / Rapporteuses : Laurence Simmat-Durand

Résumé

FR  |  
EN

Grâce à une enquête réalisée auprès de policiers et de magistrats du parquet portant sur le traitement pénal des femmes présumées auteures d’infractions à la législation sur les stupéfiants (ILS), la thèse propose une réflexion sur la place du genre dans les processus de mise en œuvre de la loi pénale. En prêtant attention aux rôles que jouent à la fois le genre des justiciables et celui des acteurs pénaux (en lien avec les représentations sociales sexuées qui traversent leurs cultures professionnelles), ce travail questionne le rôle du genre dans les processus de sélection de la « clientèle policière » et de construction de la population judiciarisée, en faisant dialoguer sociologies des institutions pénales, de la quantification et des rapports sociaux de sexe. La première partie de la thèse montre que les femmes sont très peu visibles dans les affaires d’ILS, à la fois du point de vue de la statistique publique (traitement secondaire de l’état 4001, traitement primaire de données collectées auprès des services spécialisés de police) et dans les discours des acteurs pénaux. En approfondissant l’analyse des représentations des professionnels au sujet des femmes et de leur délinquance, la deuxième partie fait état d’un contraste sexué, professionnellement situé, s’agissant de l’étiologie de la délinquance des femmes et de leur degré de responsabilité pénale : les policiers (majoritairement des hommes) tendent à déresponsabiliser les femmes et contribuent ainsi à les invisibiliser ; en regard, les magistrats (majoritairement des femmes) les responsabilisent plus fortement et forment le vœu de les impliquer. Enfin, une troisième partie, qui s’attache aux facteurs organisationnels et institutionnels, montre dans quelle mesure l’autonomie policière et le carcan temporel de l’appareil pénal viennent renforcer, voire coproduire l’invisibilisation des femmes dans la délinquance. Finalement, le genre apparait comme un registre de normativité œuvrant parmi d’autres dans la mécanique pénale et participant d’une dynamique sexuellement différenciée de mise en visibilité du phénomène délinquant. La thèse étaye donc l’hypothèse selon laquelle il existerait un processus d’invisibilisation des femmes délinquantes en matière d’ILS, qui les écarte des procédures pénales et conséquemment des statistiques publiques, contribuant ainsi à donner un genre (masculin) à la délinquance et par là même, à reproduire les distinctions stéréotypées entre le féminin et le masculin.