Thèse soutenue

Terre, mer et communautés dans les iles Shetland au XVIIIe siècle

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Auteur / Autrice : Audrey Beaudouin
Direction : Annie AntoineAud Mikkelsen Tretvik
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 12/12/2016
Etablissement(s) : Rennes 2 en cotutelle avec Norwegian University of Science and Technology (Trondheim, Norvège)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences humaines et sociales (Rennes)
Partenaire(s) de recherche : COMUE : Université Bretagne Loire (2016-2019)
Laboratoire : CEntre de Recherches HIstoriques de l'Ouest
Jury : Président / Présidente : Gérard Béaur
Examinateurs / Examinatrices : Stana Nenadic
Rapporteurs / Rapporteuses : Jeanette M. Neeson, Hilde Sandvik

Mots clés

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Résumé

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Dans un rentier des terres arables des îles Shetland, écrit au début des années 1770, l’expression suivante apparut : « Les habitants des villages d’un même scattald sont appelés frères de scatt ». Ces quelques mots déclenchèrent une série de questions : qu’est-ce qu’un scattald ? Qu’est-ce que le scatt ? Qui sont ces frères de scatt ? Des recherches aux Archives Nationales d’Écosse et aux archives des îles Shetland ainsi que la lecture de travaux universitaires sur les questions des communautés, des communs, des coutumes, des systèmes de justice locale et sur la vie rurale à l’époque moderne conduisirent à l’écriture de cette thèse sur les communautés des îles Shetland au XVIIIe siècle. Ces communautés vivaient dans un contexte géographique particulier. Sans sous estimer le rôle de l’environnement local dans la vie des Shetlandais, cette thèse montre que celui-ci était plus un espace de possibilités que de restrictions ; il apportait des contraintes, mais tout autre environnement dans l’Europe moderne avait aussi ses limites. La vie dans les îles Shetland était, comme n’importe où en Écosse à la même époque, fondée sur les ressources locales et le développement de l’économie de marché apporta ses avantages et ses inconvénients aux habitants. Dans les îles Shetland, l’économie de marché entraîna le développement des tenures à poissons avec leurs contrats particuliers de métayage.Pour comprendre ces communautés, la thèse s’ouvre sur la manière dont elles étaient régulées. Les lois, les cours et le personnel judiciaire avaient tous un rôle à jouer dans le contrôle social des membres des communautés. Cette thèse explore aussi les activités des membres des communautés dans leur environnement. Les îles Shetland comme de nombreuses régions du nord-ouest de l’Europe à la même époque, étaient un espace de pluriactivité. À travers la pluriactivité et l’accès aux communs, les communautés shetlandaises des scattalds gardèrent un certain niveau d’indépendance même à une époque où existait la servitude pour dettes. Cette relation particulière fut rendue possible par un accès presque illimité aux communs pendant tout le XVIIIe siècle, époque pendant laquelle les déplacements sur les communs étaient possibles et où la transmission de la mémoire de ses frontières restait vivante. Des changements eurent cependant lieu sur les îles Shetland à cette époque. Les tenures à poissons ne furent qu’un élément de ces changements : les femmes commencèrent à être plus nombreuses que les hommes, la taille des terres arables cultivées par foyer diminua, les communs protégés furent lentement grignotés, et la cour de justice régionale offrit plus de possibilités de justice aux plus hauts rangs qu’aux tenanciers… Finalement, cette thèse soutient qu’au XVIIIe siècle, les communautés locales shetlandaises offraient une protection aux femmes et aux hommes qui à travers elles avaient un système de soutien organisé.