Thèse soutenue

Systèmes techniques et variabilité fonctionnelle des industries anciennes en Afrique de l’Est et en Europe : nouvelle approche des premières industries du Pléistocène inférieur

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Auteur / Autrice : Louis De Weyer
Direction : Éric Boëda
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Préhistoire
Date : Soutenance le 19/05/2016
Etablissement(s) : Paris 10
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Espaces, Temps, Cultures (Université Paris Nanterre)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Équipe Espaces, pratiques sociales et images dans le monde grec et romain (Nanterre)
Jury : Président / Présidente : Hubert Forestier
Examinateurs / Examinatrices : Éric Boëda, Hubert Forestier, Anne Delagnes, Alain Tuffreau, Marta Arzarello, Robert Sala
Rapporteurs / Rapporteuses : Anne Delagnes, Alain Tuffreau

Résumé

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Ce travail présente une analyse des industries du Pléistocène inférieur en Afrique de l’Est et Europe pour questionner les modèles de peuplement de l’Europe. L’étude de la variabilité interne à l’Oldowayen par l’analyse des assemblages de Koobi Fora FxJj-10, Fejej FJ-1 et Olduvai DK montre des choix techniques qui influencent la sélection des matières premières pour réaliser les objectifs de production selon des modalités particulières, qui correspondent à des identités, des traditions techniques qui peuvent avoir une valeur culturelle. La comparaison avec les premiers assemblages européens est réalisée par l’étude des idustries de Barraco León, Fuente Nueva 3, Piroo Nord et Monte Poggiolo. La variabilité interne aux industries européennes est constituée des mêmes ressorts qu’en Afrique de l’Est. Les schèmes opératoires reposent sur des critères techniques précis, et les objectifs de production sont obtenus selon des modalités particulières (un système à volumes utiles indépendant dans lequel les critères techniques sont pensés pour la production d'un unique éclat, dont l'opération peut être répétée sur le nucléus si les critères techniques sont présents ; un système de production par séries d'enlèvements récurrents, dont les volumes utiles sont sélectionnés pour produire une série d'éclats récurrents). Les différentes modalités impliquent pourtant les mêmes objectifs de production, et l'analyse techno-fonctionnelle montre que les groupes d'outils potentiels ne varient pas beaucoup entre les sites. Les diférentes modalités jouent par contre un rôle très important en ce qui concerne la sélection des matières premières, allant du type de matériau aux morphologies des matrices sélectionnées, à l'inverse de l'adaptation contrainte généralement avancée. Nous considérons cet aspect comme marqueur de tradition technique et donc comme un caractère culturel. L’analyse comparée des résultats de chaque ensemble régional montre une similarité troublante, d’autant que le décalage chronologique entre l’apparition des premières industries en Afrique de l’Est et en Europe est proche d’1 Ma. Lorsque ces industries apparaissent en Europe, elles ont été remplacées en Afrique depuis près de 500 ka par une nouvelle tradition technique constituée d’un façonnage de pièces bifaciales (Acheuléen). Ainsi, les hypothèses de migrations des homininés parallèles à des stades techniques évolutifs ne semblent pas pertinentes et l’histoire du peuplement de l’Europe doit être dissociée de l’histoire de son évolution technique. Une convergence technique semble se dégager des comparaisons régionales, et fournit une nouvelle image buissonnante de l’évolution des techniques, contrairement à l’image linéaire communément admise.