Thèse soutenue

Temps et subjectivité chez Descartes : Identités et mémoire(s)

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Auteur / Autrice : Mazarine Pingeot
Direction : Stéphane DouaillerJean-Pierre Marcos
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance le 03/12/2016
Etablissement(s) : Paris 8
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Pratiques et théories du sens (Saint-Denis, Seine-Saint-Denis ; 1992-....)
Jury : Président / Présidente : Pierre Guenancia
Examinateurs / Examinatrices : Stéphane Douailler, Jean-Pierre Marcos
Rapporteurs / Rapporteuses : Delphine Antoine-Mahut

Résumé

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La question qui nous occupe est celle que pose Descartes dans la deuxième Méditation : « je pense, je suis », « mais combien de temps ? » Question à laquelle la notion de « chose » apportera une réponse plus problématique que satisfaisante, puisqu’au premier abord, elle semble nier le temps – une chose ou substance ayant comme attribut essentiel la permanence. Or la permanence, même si elle sera justifiée par la théorie de la création continue de Dieu, ne trouve aucun écho du côté de la conscience, sujette à des intermittences, au sommeil, à la distraction. Aussi la question peut-elle se reformuler ainsi : suis-je vraiment toujours en train de penser, moi dont l’être est de penser, dont la pensée se définit par la conscience à soi, mais dont l’attention est fragile et l’assoupissement prompt ? Autrement dit, suis-je toujours conscient de moi-même, ce qui assurerait une identité à moi, non pas du point de vue ontologique, mais bien du point de vue de l’ego cogito, premier principe sur le chemin des raisons. Or deux figures mettent en cause la possibilité tant sur le plan métaphysique qu’anthropologique, d’une telle identité à soi : ce sont celles de l’enfant et du fou, qui brisent la continuité de la conscience à soi, et qui pourtant sont totalement « hommes », en tant qu’ils ont en partage la pensée. Nous tentons alors de démontrer que la temporalisation de la pensée par une mise en récit est ce qui performe une identité, autrement difficile à garantir du point de vue de l’ego, bien que garantie ontologiquement. Par le récit, l’ego devient sujet, telle serait la démonstration en acte des deux grands textes de Descartes écrits à la première personne.