Thèse soutenue

Les Promesses du roman. Poétique de la prolepse sous l’Ancien Régime (1600-1750)

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Auteur / Autrice : Lise Charles
Direction : Delphine Denis
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langue française
Date : Soutenance le 12/11/2016
Etablissement(s) : Paris 4
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Concepts et langages (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Sens, texte, informatique, histoire (Paris)
Jury : Président / Présidente : Christine Noille-Clauzade
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Michel Adam, Emmanuel Bury, Jean de Guardia, Christophe Martin

Résumé

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Paradoxe de la prolepse : en dévoilant par avance un événement de l’histoire, elle risque de ruiner le suspens ; en n’évoquant qu’allusivement ce qui va suivre, elle peut au contraire y contribuer. Le traitement des anticipations a toujours été au cœur des débats sur la tension narrative. L’examen de poétiques et de rhétoriques antiques et classiques, leur confrontation avec les théories contemporaines permettent de retracer la longue histoire d’un procédé à travers les discours contradictoires qui l’ont défini.Lisons les romans de l’Ancien Régime, nous verrons ce paradoxe en action. Au seuil du XVIIe siècle, la prolepse appartient, comme le début in medias res, à la panoplie des artifices visant à maintenir suspendu l’esprit du lecteur et à structurer de grandes machines romanesques ; au siècle suivant, les pseudo-mémorialistes, tout en puisant dans ce fonds, la posent comme le symptôme d’une écriture naturelle, désordonnée, parfois défaite, peu soucieuse de suspens et d’architecture, bref, la marque par excellence d’une écriture du cœur.Tout se joue dans l’appréhension progressive du texte par le lecteur et l’interprétation de la voix narratoriale supposée le guider. Les outils de la narratologie sont réexaminés et affinés pour que puisse être pris en considération le cheminement pas à pas du lecteur ; afin d’étudier des unités plus petites ou des manœuvres narratives particulièrement subtiles, il faut combiner ces outils avec les instruments de la linguistique énonciative (reprises anaphoriques et annonces cataphoriques, usages des temps verbaux, phénomènes polyphoniques liés à la régie narrative). On évalue ainsi la manière dont, au long d’un siècle et demi d’une production romanesque très diversifiée, sont suscitées des attentes, souvent comblées, parfois frustrées : si l’anticipation est d’ordinaire un moment où une voix de régie organise le texte, il arrive en effet que ce procédé provoque des dérèglements dont nous pouvons, critiques embarrassés ou lecteurs amusés, suivre les aléas.