Thèse soutenue

La réminiscence chez Platon : théorie de la connaissance ; anthropologie ; éthique
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Auteur / Autrice : Guillaume Pilote
Direction : Luc BrissonFrancisco J. Gonzalez
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance le 29/03/2016
Etablissement(s) : Paris 1 en cotutelle avec Université d'Ottawa
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Philosophie (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Groupe de recherches Antiquité, moyen-âge, transmission arabe (Paris ; 20..-....) - Laboratoire Sciences philosophie histoire (Paris ; 2009-....)
Jury : Président / Présidente : Carole Sénéchal
Examinateurs / Examinatrices : Luc Brisson, Francisco J. Gonzalez, Carole Sénéchal, Antoine Côté, Arnaud Macé, Catherine Collobert, Dimitri El Murr, Sara Magrin

Résumé

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Platon expose la théorie de l’ἀνάμνησις dans le Ménon, le Phédon et le Phèdre ; nous soutenons que la doctrine est cohérente malgré les écarts entre ces présentations. L’interprétation de la réminiscence demande également de s’interroger sur la nature de l’innéisme platonicien, la valeur épistémologique de l’expérience et le rôle réservé au mythe. Nous traitons ces questions au travers d’une interprétation du rôle de la théorie dans chaque dialogue, en comparant chaque fois nos résultats avec les deux autres. La réminiscence vise à rendre compte des expériences suivantes : la reconnaissance de la nécessité de certaines vérités, l’utilisation de notions universelles pour décrire des réalités contingentes et la conversion spirituelle permise par un amour noble. Ces trois phénomènes sont expliqués par la remémoration d’un savoir acquis avant la naissance et oublié au moment de l’incarnation ; nous n’avons pas conscience de ce savoir, mais il détermine notre expérience du monde à notre insu. Pour cette raison, la meilleure façon de décrire le statut de notre souvenir de la connaissance prénatale est de le tenir pour un archétype. Pour transformer le souvenir d’une forme en connaissance, nous devons, grâce à la dialectique, embrasser dans une définition tous les cas (réels ou hypothétiques) qui lui sont attribués ; en effet, nous reconnaissons leur appartenance à cette nature en vertu du ressouvenir. L’âme affranchie du corps jouit d’une intuition plénière des réalités intelligibles, mais son statut change au moment de l’incarnation ; en vertu de son rapport au devenir, elle ne peut saisir l’unité d’une forme que de façon synthétique, par le logos. La doctrine de l’anamnèse comporte ainsi, en plus de sa fonction épistémologique, une dimension anthropologique : elle implique une compréhension de l’âme humaine comme intermédiaire entre les choses sensibles et intelligibles. Par conséquent, l’anamnesis a des répercussions éthiques. En effet, la vie doit être une médiation entre ces deux ordres de réalité auxquels nous appartenons, de façon à nous conformer aux archétypes de l’excellence humaine, que nous ne pouvons ignorer sans renier une partie de nous-mêmes.