Thèse soutenue

Stratégies d’évitement parasitaire chez une population de primates sociaux en milieu naturel
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Auteur / Autrice : Clémence Poirotte
Direction : Marie Charpentier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de l'évolution et de la biodiversité
Date : Soutenance le 18/11/2016
Etablissement(s) : Montpellier
Ecole(s) doctorale(s) : GAIA (Montpellier ; École Doctorale ; 2015-...)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'écologie fonctionnelle et évolutive (Montpellier)
Jury : Président / Présidente : Michel Raymond
Examinateurs / Examinatrices : Marie Charpentier, Michel Raymond, Julien Gasparini, Susan Alberts, Peter M. Kappeler, Jenny Tung, Frédéric Thomas
Rapporteurs / Rapporteuses : Julien Gasparini, Susan Alberts

Mots clés

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Résumé

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Les pressions de sélection exercées par les parasites ont permis l’évolution de mécanismes complexes de défense chez les espèces hôtes qui limitent la transmission parasitaire. En complément de leur système immunitaire physiologique, les animaux ont développé un « système immunitaire comportemental » comprenant un ensemble sophistiqué de stratégies d’évitement parasitaire représentant une première ligne de défense pour diminuer la probabilité de rencontre avec différents parasites. Cependant, ces stratégies comportementales n’ont été que peu étudiées chez les espèces de mammifères vivant en milieu naturel. Au cours de ma thèse, j’ai donc étudié les stratégies d’évitement parasitaire dans une population sauvage de mandrills (Mandrillus sphinx), un primate de l’Ancien Monde vivant dans les forêts denses équatoriales d’Afrique et soumis à de forces pressions parasitaires. Je me suis en particulier intéressée aux différentes stratégies comportementales qui ont évolué en réponse au risque de contamination par deux types distincts de parasites gastro-intestinaux présentant des traits d’histoire de vie et des modes de transmission contrastés : les nématodes, transmis par l’environnement, et les protozoaires, transmis par contacts sociaux. A partir d’observations récoltées sur le long-terme, de test expérimentaux et d’analyses chimiques, mes études ont mis en évidence deux stratégies comportementales différentes, soulignant le lien étroit entre l’écologie des parasites et la réponse comportementale des hôtes. D’une part, les mandrills évitent les matières fécales lorsqu’ils fourragent et évitent également les habitats précédemment contaminés par des nématodes fécaux émis lors de la dernière visite de ces habitats. D’autre part, les mandrills évitent de toiletter leurs partenaires sociaux parasités par des protozoaires fécaux, particulièrement autour de la zone anale. Cette stratégie comportementale s’avère être efficace puisque les individus parasités présentent des kystes infectieux de protozoaires sur leurs corps, concentrés au niveau de la zone anale, et la richesse en protozoaire des individus augmente lorsqu’ils toilettent des congénères très parasités. De plus, nous avons montré que cet évitement des individus parasités était guidé par un mécanisme olfactif : les protozoaires influencent l’odeur des matières fécales et les individus discriminent et évitent l’odeur des matières fécales provenant d’individus parasités. Cette plasticité comportementale face au risque parasitaire pourrait constituer un des mécanismes majeurs permettant aux espèces sociales de diminuer le risque accru de contamination associé à la vie en groupe. L’ensemble de nos résultats permettent de mieux appréhender les conséquences évolutives des pressions de sélection exercées par les parasites sur différentes caractéristiques socio-écologiques des animaux, tels que l’utilisation de l’espace et les comportements sociaux.