Thèse soutenue

Des savoirs militaires en situation impériale : les écrits des officiers français sur l'Empire ottoman et la Turquie (1878-1939)

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Auteur / Autrice : Loubna Lamrhari
Direction : Frédéric Rousseau
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire militaire
Date : Soutenance le 13/12/2016
Etablissement(s) : Montpellier 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale 58, Langues, Littératures, Cultures, Civilisations (Montpellier ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherches interdisciplinaires en sciences humaines et sociales (Montpellier)
Jury : Président / Présidente : François Georgeon
Examinateurs / Examinatrices : Jean-François Pérouse, Pierre Journoud
Rapporteurs / Rapporteuses : Romain Bertrand, Emmanuelle Sibeud

Résumé

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Cette thèse est une contribution aux études contemporaines sur les rapports entre savoirs et empires. Elleexamine les modalités de l’engagement des militaires dans la production de savoirs portant sur l’Empireottoman, au regard du projet impérialiste français. Cette étude se veut une histoire sociale et intellectuelle dessavoirs militaires français dans cette situation spécifique. Elle a pour objet les écrits des officiers de la IIIeRépublique portant sur l’Empire ottoman et la Turquie, du congrès de Berlin (1878) au déclenchement de laSeconde Guerre mondiale (1939). La production de ces écrits est appréhendée dans la période de passage del’Empire ottoman à la République de Turquie ; d’un Empire à un État-nation. L’analyse des carrières desofficiers permet de situer les terrains ottomans et post-ottomans dans un espace plus élargi, tenant compte descirculations entre la France métropolitaine et ses colonies. Elle permet aussi de situer ces savoirs vis-à-vis d’unterrain qui apparaît comme un lieu à la fois d’acquisition et de mise à l’épreuve. Ainsi, nous définissons deuxtypes de circulations : transcoloniales et transottomanes. Les officiers et les savoirs circulent au sein de cesespaces multiples et connectés. La construction et les usages de savoirs sont examinés d’abord depuis le centred’un Empire en situation de paix : à Istanbul durant le règne d’Abdülhamid II et pendant la période jeuneturque.Nous nous focalisons sur les formes d’interaction (collaborations et résistances) entre les officiersfrançais et leurs interlocuteurs privilégiés : les élites militaires jeunes-turques qui jouent un rôle central dansles évolutions politiques du pays, de la révolution de 1908 à la fondation de la République de Turquie (1923).Le choix de l’armée française en tant qu’objet d’étude fait apparaître des formes territorialisées de la présencefrançaise et des types de savoirs qui lui sont liés, notamment dans les provinces : dans le cadre des missionsmilitaires (Macédoine ottomane, 1904-1914), des guerres et des occupations (Dardanelles, 1915, Istanbul,1918-1923, Cilicie, 1919-1921). Dans ces configurations, la production des savoirs est mise au service del’action (conquête, administration, pacification). Nous nous sommes aussi interrogés sur la redéfinition du rôledes officiers et de leurs savoirs sous la République de Mustafa Kemal Atatürk (1923-1939). La diversité dessupports de production des savoirs (production interne à l’armée, publications) et des discours (cohérences,discontinuités) des officiers français en situation impériale contredit ainsi l’idée d’une « Grande Muette », dontles agents seraient réduits à des rôles d’exécutants.