Thèse soutenue

Imposer ou créditer. Réformes et révolutions fiscales dans les économies politiques socialistes du XIXe siècle français
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Auteur / Autrice : Clément Coste
Direction : Ludovic Frobert
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences économiques
Date : Soutenance le 29/09/2016
Etablissement(s) : Lyon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences économiques et gestion (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : établissement opérateur de soutenance : Université Jean Moulin (Lyon ; 1973-....)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Ludovic Desmedt, Alain Clément, Michel Bellet, Jérôme Blanc, Alexandra Hyard
Rapporteurs / Rapporteuses : Ludovic Desmedt, Alain Clément

Résumé

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Les histoires de la pensée économique sont relativement discrètes à l’égard des économies politiques socialistes qui se développent en France au cours des deux décennies 1830 et 1840.La thèse se propose de réinvestir ces écrits afin de les inscrire dans une histoire de l’économie politique. La fiscalité est la porte d’entrée de cette enquête. Elle est pensée comme lieu de jonction entre espace politique et espace économique : la fiscalité est envisagée comme dispositif étatique susceptible de catalyser, d’encadrer et de désamorcer la puissance régulatrice du marché. S’intéresser à l’impôt doit ainsi permettre de rendre compte de visions articulées autour des interdépendances pensées par les socialistes entre l’État et le marché. La thèse porte sur deux grandes traditions.Au sein de l’économie politique saint-simonienne, incarnée entre autres par Barthélémy Prosper Enfantin, Michel Chevalier, Alphonse Decourdemanche, Emile et Isaac Pereire,l’impôt est appréhendé dans une perspective très fonctionnaliste. Il s’agit par l’impôt de configurer le marché en rééquilibrant les dotations matérielles et en activant la circulation des capitaux de manière à permettre la baisse du taux d’intérêt. Les saint-simoniens développent par ailleurs une théorie socio-économique de l’emprunt : le développement de l’endettement public est un moyen de socialiser le crédit et les capitaux. La deuxième tradition, celle des socialistes fraternitaires dont Louis Blanc, Pierre Leroux, Jean Reynaud, François Vidal et Constantin Pecqueur sont des représentants, réfute la théorie saint-simonienne de « l’emprunt public illimité » et propose la réforme des institutions économiques et commerciales susceptibles de fournir à la jeune République les ressources nécessaires pour financer le « droit au travail » sans avoir recours ni à l’impôt, ni à l’emprunt.Les arguments développés s’inscrivent dans des économies politiques singulières quimanifestent chacune à leur manière leur opposition à l’économie politique libérale : une économie politique capacitaire (saint-simonienne) incarnée dans un discours technique articulé aux débats financiers de l’époque, une économie politique républicaine (fraternitaire)caractérisée par un discours philosophique qui tente de réintégrer la question politique dans le traitement des affaires économiques. Réinventer la fiscalité pour réorganiser la société est un objectif important que se donnent les socialistes du XIX e siècle français.