Thèse soutenue

Les dimensions spatiales de la vie sociale des bi-saisonniers mobiles du tourisme
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Auteur / Autrice : Aurelien Gentil
Direction : Jean-Yves Authier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 28/09/2016
Etablissement(s) : Lyon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences sociales (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre Max Weber (Lyon ; Saint-Étienne ; 2011-....)
établissement opérateur d'inscriptions : Université Lumière (Lyon ; 1969-....)
Jury : Président / Présidente : Isabelle Mallon
Examinateurs / Examinatrices : Claire Bidart
Rapporteurs / Rapporteuses : Nicolas Renahy, Mathis Stock

Mots clés

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Résumé

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À partir d’une enquête ethnographique et comparative menée dans une station balnéaire landaise et une station de ski savoyarde, cette recherche examine les dimensions spatiales de la vie sociale des personnes qui habitent différents lieux au cours d’une même année pour travailler dans le secteur du tourisme. À l’articulation de la sociologie urbaine et des sociologies de la précarité et de la jeunesse, cette étude analyse les effets socialisateurs d’une relation discontinue à l’espace et au temps, au regard des multiples sphères de l’existence convoquées par cette discontinuité : professionnelle, résidentielle, relationnelle, conjugale, familiale et corporelle. Une approche synchronique montre d’abord comment des individus partageant une relative communauté de positions habitent de manière variable un même espace selon leurs caractéristiques sociales, leur trajectoire d’entrée et leur ancienneté dans le lieu. La comparaison entre ce qui se joue l’été dans une station littorale et l’hiver dans une station montagnarde confirme le poids des effets de lieu sur les modes d’appropriation différenciés de ces espaces et la manière dont se structure la vie sociale locale. Cette recherche permet également d’éclairer les effets sociaux de la précarité et la force socialisatrice des différentes formes d’adaptation secondaires qu’engage la discontinuité spatiale et temporelle. Pour beaucoup d’enquêtés, majoritairement âgés de moins de trente ans et issus des classes moyennes et supérieures, faire les saisons apparaît comme un moyen d’échapper provisoirement, par la mobilité, à la cristallisation d’une forme potentielle de déclassement social. Cette pratique, dans un contexte fortement marqué par la précarisation structurelle de l’emploi, s’inscrit alors dans une logique d’expérimentation associée à la jeunesse et de différemment de l’entrée dans l’âge adulte. En outre, la recherche montre comment l’ancrage local et l’attachement à un lieu de saison particulier, où la vie sociale est régie par l’interconnaissance et des relations de proximité, peuvent offrir différentes ressources face à l’instabilité et l’incertitude. Les formes de compensation symboliques à la précarité dont ces ressources deviennent les supports alimentent chez les enquêtés une forte intériorisation des contraintes sociales et de l’injonction à la mobilité portée par le capitalisme moderne. Une approche diachronique met ensuite en lumière les conditions sociales qui encadrent le parcours de bi-saisonnier mobile. Elle dévoile comment l’entrée dans le monde des saisons puis la stabilisation plus ou moins longue dans l’alternance apparaissent à la fois comme une forme de rupture avec la trajectoire antérieure mais aussi en continuité avec certaines dispositions incorporées dans le cadre familial ou professionnel. Avec l’avancée dans le cycle de vie, les contraintes induites par la vie de bi-saisonnier mobile et les faibles possibilités de projection qu’elles engagent entrent en tension avec les formes de stabilisation résidentielles, conjugales et professionnelles que suppose l’entrée dans la vie adulte. Ces tensions poussent la plupart des individus à rompre avec l’alternance saisonnière après quelques années d’expérience. Cependant, la force socialisatrice du milieu dans lequel ils ont évolué participe chez certains à une reconfiguration du destin social auquel ils étaient objectivement destinés au regard de leur milieu d’origine ou de leur trajectoire scolaire. Cette reconfiguration peut se matérialiser par la sédentarisation dans un lieu touristique investi temporairement au départ.