Thèse soutenue

Les acteurs du développement rural en Isère : canton de Villard-de-Lans 19e-21e siècles

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Auteur / Autrice : Gilles Della Vedova
Direction : Jean-Luc Mayaud
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 02/03/2016
Etablissement(s) : Lyon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences sociales (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Laboratoire d'études rurales (Lyon)
établissement opérateur d'inscription : Université Lumière (Lyon ; 1969-....)
Jury : Président / Présidente : Pierre Cornu
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Luc Mayaud
Rapporteurs / Rapporteuses : Laurent Tissot, Pierre Judet

Résumé

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Territoire supposé « sans histoire », le canton de Villard-de-Lans (Isère), fait partie des points aveugles de l’historiographie. Situé en montagne, donc supposé enclavé, il semble en marge du développement rural tel que le modèle anglais le conçoit. L’approche longitudinale sur deux siècles, et en particulier au cours de la période vers 1830-vers 1930, montre que cet espace est un cas pertinent de construction commune entre des acteurs de nature diverse, situés à des échelles différentes et qui forment un système traversé par des complémentarités et des rivalités. Pour démontrer ceci, l’approche prosopographique questionne la notion de développement rural. Celui-ci, en premier lieu, n’est pas déterminé par les étapes de l’âge industriel. Les Quatre montagnes sont dès la première moitié du 19e siècle un espace intégré aux transformations globales et plusieurs indices révèlent des circulations régulières avec Grenoble, le chef-lieu du département. Si les notables jouent un rôle important, de nombreuses autres familles tissent des liens avec les sociétés et les activités de la plaine. De la recherche des moyens pour demeurer au village au développement qui s’exprime dans un cadre collectif, et qui prend notamment forme dans les conseils municipaux, les familles sont des acteurs décisifs du développement rural. Celui-ci s’appuie, en deuxième lieu, sur l’essor précoce de l’élevage bovin mais également sur le commerce du bois. Progressivement, les bois du délit s’effacent devant l’arbre autour duquel les acteurs se réconcilient. La politique bovine constitue un angle privilégié car elle concerne le plus grand nombre d’individus à l’échelle locale et elle est un cadre pour des jeux d’échelles. L’élaboration d’une construction commune entre les cultivateurs et les acteurs dépêchés par l’Etat, notamment à l’occasion de la reconnaissance par l’Etat de la race bovine de Villard-de-Lans (1864), puis lors de la création d’un concours spécial départemental (1893-1914) met au jour les logiques communes mais également rivales entre les uns et les autres. La notion de spécialisation s’efface devant une orientation renforcée et la pluriactivité reste vivace. Elle démontre la volonté de faire feu de tout bois. Dans le même temps, une filière se construit à travers la station d’élevage (1875) et une segmentation des activités liées à l’élevage. La recherche du développement rural s’exprime, pour finir, à travers la construction d’un système touristique entre le dernier quart du 19e siècle et l’entre-deux-guerres. Celui-ci est, à nouveau, une élaboration commune entre des acteurs qui cherchent à promouvoir cette nouvelle branche industrielle et des sociétés locales qui se servent de leurs atouts (un milieu serti de reliefs élevés mais avec une amélioration de l’accessibilité, l’essor du commerce et de belles forêts) pour investir cette opportunité. La comparaison avec l’élevage évite de parler de spécialisation car plusieurs activités font la renommée du canton de Villard-de-Lans au début du 20e siècle ; elles proposent donc une autre possibilité de développement qui ne soit ni industrielle ni fondée sur une monoactivité et qui ne s’appuie que sur quelques individus. Ainsi, la dimension communautaire reste prégnante, le rapport entre la ville et l’espace rural n’est pas seulement hiérarchisé et les combinaisons des activités permettent de passer, pour une partie des habitants, du maintien à l’essor. La période du dernier quart du 19e siècle à l’entre-deux-guerres est féconde et elle suggère une relecture des évolutions de la seconde moitié du 20e siècle jusqu’à nos jours.